Publié le Jeudi 27 juin 2019 à 08h09.

Affaires : les multirécidivistes de la droite face à la justice

Actualité judiciaire chargée à droite, avec le procès Balkany, de nouveaux développements dans les affaires Sarkozy, et l’audition de Claude Guéant dans le cadre de l’enquête pour corruption sur l’attribution de la Coupe du monde au Qatar en 2022. La droite et la 5e République dans toute leur splendeur…

On ne sait pendant combien d’années, ou de décennies, vont se poursuivre les feuilletons judiciaires qui rythment la vie de la droite française. Au cours des derniers jours, l’effet d’accumulation des affaires a rappelé à qui l’aurait oublié que les démêlées judiciaires des figures de la droite, et notamment de la Sarkozie, sont loin d’être terminées, qui charrient chaque jour leur lot de pratiques illicites, illégales, de la corruption aux détournements de fonds publics en passant par l’enrichissement ­personnel et le trafic d’influence.

« À l’époque, tous les Français avaient des comptes en Suisse »

Impossible de résumer ici l’ensemble des affaires en cours. Mais l’attitude des uns et des autres en dit long sur le sentiment d’impunité qui habite ceux qui on usé et abusé de leurs positions de pouvoir, parfois pendant des décennies. Les déclarations de Patrick Balkany, invité sur BFM-TV le dimanche 23 juin, peuvent ainsi sembler surréalistes, au regard des éléments accablants qui ont été révélés : « Je n’ai jamais corrompu ni été corrompu par qui que ce soit », « Ce n’est pas parce que vous avez vos affaires dans une maison qu’elle est forcément à vous », « À l’époque, tous les Français avaient des comptes en Suisse », etc. Aucun doute : nous ne sommes pas du même monde…

Nicolas Sarkozy, de son côté, est toujours mis en cause dans pas moins de 4 affaires et accumule les convocations chez les juges. L’étau se resserre autour de l’ancien président, dont nombre de proches et/ou de collaborateurs ont déjà été condamnés ou sont toujours mis en examen. Ce qui n’empêche pas Sarkozy de refuser de répondre aux questions des juges : le 4 juin dernier, il a ainsi refusé de s’exprimer devant les magistrats dans le cadre de l’enquête sur « l’affaire libyenne », dans laquelle il est poursuivi pour « corruption passive, financement illégal de campagne électorale et recel de fonds publics libyens ». Une paille.  

Macron dans les pas de Sarkozy ?

Tout cela n’empêche pas Sarkozy de faire paraître, le 27 juin, un livre de « souvenirs », sobrement intitulé Passions (sic). Et les éditorialistes d’éditorialiser, les experts d’expertiser et les commentateurs de commenter : Sarkozy prépare-t-il son retour ? Est-il bien placé pour reprendre les commandes de la droite ? Sera-t-il candidat en 2022 ? Et pour répondre à ces passionnantes questions, quoi de mieux que d’inviter Éric Woerth, comme ce fut le cas le dimanche 23 juin lors du « Grand rendez-vous » d’Europe 1 ? Après tout, Woerth est lui aussi mis en examen dans l’affaire des financements libyens, donc nul doute que son avis compte !

Ainsi, nombre de médias en viennent à trouver banal que des députés, des ministres, des anciens présidents, accumulent les ennuis et les condamnations judiciaires, sans que soit interrogée leur légitimité à se poser en respectables responsables politiques. Et si la Macronie est aujourd’hui loin d’avoir autant de casseroles que la Sarkozie, le moins que l’on puisse dire est que le « nouveau monde » ressemble furieusement à l’ancien sans que, là encore, grand monde semble s’en émouvoir… La 5e République, régime hyper-présidentiel permettant toutes les opacités, est en effet structurellement productrice d’abus et de corruption. Le problème, ce ne sont pas des individus mal intentionnés (même s’il y en a !), mais un système dans lequel les frontières entre intérêts privés et intérêt public sont inexistantes, dans lequel aucun contrôle n’est possible sur les élus, nécessairement générateur d’une caste de politiciens professionnels qui ne nous représentent pas et abusent de leurs postions de pouvoir pour se servir et servir leurs amis.

C.B.