L’extrême droite hostile au régime parlementaire est forte de 100 à 150 000 militantEs actifs dans plusieurs ligues nationalistes, groupes fascistes, royalistes dont une partie est militarisée.
Une étincelle met le feu aux poudres : « l’affaire Stavisky », du nom de l’escroc qui a émis pour 200 millions de faux bons de caisse, impliquant plusieurs personnes politiques et hauts fonctionnaires. Il « est suicidé » le 8 janvier. La droite exploite ce dernier scandale contre le Cartel des gauches (Radicaux et socialistes) élu en 1932 pour instaurer un État fort. Une dizaine de manifestations très violentes se déroulent à Paris en janvier 1934, organisées par les Camelots du roi, une branche de l’Action française, et les Jeunesses patriotes, mollement contenues par la police dirigée par Chiappe, proche de l’extrême droite1.
La droite et l’extrême droite s’allient pour l’émeute
Le 27 janvier, le gouvernement démissionne, le radical Daladier ouvre au centre et mute Chiappe. L’Union nationale des combattants (900 000 adhérents), dirigée par la droite, appelle alors à une manifestation le 6 février, le jour de l’investiture du gouvernement. Les organisations d’extrême droite s’y joignent, mais aussi l’organisation d’anciens combattants communiste, l’ARAC (Association républicaine des anciens combattants) sous le mot d’ordre : « Manifestez contre les bandes fascistes, contre le gouvernement qui les développe, et contre la social-démocratie qui, par sa division de la classe ouvrière, s’efforce de l’affaiblir », qui exprime la politique de l’Internationale communiste contre la social-démocratie vue comme une alliée du fascisme.
Les rendez-vous forment un cercle autour du palais Bourbon. Tous veulent un changement de gouvernement sinon de Constitution. Si l’UNC ne prépare pas un coup d’État, d’autres ont pour objectif la prise de l’Assemblée et sont armés de pétards, de rasoirs, de massues. À partir de 17 heures, les groupes les plus radicaux s’affrontent à la police qui barre l’accès à l’Assemblée.
Lorsqu’arrive l’UNC, autour de 15 000 à 20 000 manifestantEs, dont 2 000 communistes (qui scandent « des soviets à Paris ! »), occupent la place de la Concorde et les boulevards. Les attaques se succèdent dans la nuit, des coups de feu sont échangés. Il y a plus de 15 morts parmi les manifestantEs, un chez les militaires, 655 manifestantEs blessés, 780 militaires et policiers.
Pendant l’émeute, la confiance au gouvernement est votée. Mais le lendemain Daladier démissionne au profit d’un gouvernement d’union nationale avec des arrière-pensées autoritaires dirigé par Doumergue2.
L’émeute a montré la fragilité du régime, mais aussi l’incapacité des ligues divisées à exploiter la situation.