Publié le Mercredi 7 octobre 2020 à 12h22.

Apprendre à militer avec un nouvel outil

Nous sortons de deux réunions de conseil à Bordeaux, l’un métropolitain (durée 6 heures) et l’autre municipal (durée 7 h 30). Ce fut long, très long, à se demander même ce que nous faisions là, tant nous étions déconnectés de ce petit monde d’élus locaux, obsédés par eux-mêmes, pris dans leurs disputes politiciennes. Et ce n’est que le début !

Nous avons donc bien compris que nous n’étions plus dans l’ambiance militante d’une campagne, mais que nous entrions dans la routine de la vie institutionnelle locale. Et c’est justement ce que nous ne voulons surtout pas : nous intégrer dans ce « parlementarisme ». Mais cela ne sera pas si compliqué car même si les réunions de conseil ne sont pas du tout taillées pour débattre démocratiquement de tous les sujets qui concernent la population, cela reste un espace au moins pour faire entendre notre colère et pour défendre des positionnements ou des idées ou des réponses différentes aux problèmes que nous pouvons poser.

Les élus sont des machines à voter

Les ordres du jour des conseils sont complètement dépolitisants. Il s’agit d’une succession de délibérations à voter, concernant la plupart du temps des subventions à telle association ou tel commerçant ou tel musée… 71 délibérations pour le conseil municipal de Bordeaux, 119 pour le conseil métropolitain. Et c’est du travail en amont : avec 650 pages à lire pour le premier, 4 100 pages pour le deuxième ! Autant dire que c’est mission impossible, qu’en réalité tout cela n’est pas sérieux. Comment étudier et prendre les bonnes décisions ? Personne, même pas la majorité, ne peut maîtriser ce qui se fait.
Mais surtout, de cette manière, personne n’a de vision d’ensemble d’une politique, qu’elle soit sociale, culturelle ou écologique. Nous passons d’une délibération à une autre, parfois avec débat et souvent sans débat. Les éluEs sont des machines à voter. Et encore, ce sont seulement les « abstentions » et les « contre » qui se font remarquer, c’est-à-dire une petite minorité (souvent nous seulEs) car les « pour », la très grande majorité, gauche et droite confondues, sont déduits des autres et donc on ne fait même pas le geste de voter. Les conseils ne sont quasiment qu’un moment de formalité.

Mettre sur la table ce qui nous importe

Nous avons ainsi vite compris que pour se faire remarquer, il suffisait de voter « contre » ou même de s’abstenir. Il arrive bien sûr que nous votions « pour » : pour une aide à une bibliothèque, à une expo, à des associations d’aide aux migrantEs ou aux sans-abris. Mais ce n’est de toute façon pas satisfaisant car on en revient à cette absence de visibilité sur les choix de fond. Alors même quand nous votons pour, nous intervenons pour critiquer, pour défendre une idée politique.
Et on le fait régulièrement, trop souvent même d’après la majorité. Nous posons aussi trop de questions. Car dans l’ordre du jour, il est possible de rajouter ce qu’ils appellent des « questions écrites » qui sont envoyées cinq jours avant et lues à la fin des conseils. Ce n’était jamais utilisé ou exceptionnellement. Et pour ce conseil de rentrée, le groupe Bordeaux en luttes en a posé cinq, plus que dans toute la mandature précédente.

Mais pour nous, c’est le moyen de faire rentrer la politique, de mettre sur la table ce qui nous importe. Par exemple pour septembre, cela nous a permis d’intervenir sur les squats et les sans-abris et la nécessaire réquisition des logements, sur la crise sanitaire et l’urgence de développer le service public de santé comme d’éducation, sur les discours sécuritaires et l’urgence des réponses sociales à la précarité, sur la nécessaire rupture pour répondre à l’urgence écologique.
Et tout cela, en construisant, et en renforçant nos liens avec les milieux militants syndicalistes et associatifs, sociaux, écologistes ou culturels, pour faire notre « travail » qui consiste à relayer les colères et les mobilisations, pour au bout du compte tenter de faire bouger des choses. À suivre.
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