Son interview au JDD a fait l’effet d’une bombe médiatique plus que politique. Maire de Lille, ancienne ministre du Travail, puis de l’Emploi, et ancienne patronne du PS, Martine Aubry critique donc officiellement la politique menée par Hollande et Valls. Mais, il faut savoir raison garder, la critique de Martine Aubry est très mesurée. Difficile de parler d’opposition au gouvernement. Martine veut « redonner du sens » et ne souhaite que la « réussite du gouvernement », qui, selon elle, serait un gouvernement « incompris », puisque les bonnes réformes de ce gouvernement ne seraient pas perçues comme telles par manque d’explications. Allant même jusqu’à faire l’éloge de Manuel Valls comme ministre de l’Intérieur… Ben voyons ! Elle recommande de « redoser » la politique économique en faveur des ménages. Concernant le Pacte de responsabilité, elle est d’accord avec 41 milliards au patronat... mais avec 21 milliards sous la forme de baisse de cotisations sociales, les 20 milliards restants étant distribués aux mêmes mais par l’intermédiaire des collectivités locales ! Et bien entendu, pas une seule critique sur la casse de la Sécurité sociale et des services publics, rien sur la politique de l’emploi… Bref, aucune critique à la politique pro-Medef que mène ce gouvernement. C’est normal puisque Martine Aubry, tout comme les frondeurs, n’est pas en rupture avec la logique mise en œuvre par les socialistes depuis plus de trente ans : le souci de la « compétitivité », du « coût du travail », de la « réduction des déficits » restent les pivots de leur projet. Martine Aubry et les frondeurs ne s’inscrivent en aucune façon en « opposition », et derrière cette mise en scène, c’est l’orientation du Parti socialiste qui est en jeu, et bien évidemment – même si elle s’en défend aujourd’hui – un possible recours pour demain. Pour nous comme pour toutes celles et ceux qui veulent réellement s’opposer et s’affronter à ce gouvernement, l’urgence, c’est qu’il ne réussisse pas ! Qu’il ne réussisse pas à faire fondre nos acquis et droits sociaux pour le seul intérêt du patronat et de la finance. C’est pour cela que nous devons regagner la rue, y être le plus nombreux possible et dans l’unité la plus large, en particulier le samedi 15 novembre. Montrer qu’il existe une véritable opposition dans ce pays, loin des salons et du Parlement, dans la rue.
Sandra Demarcq