Publié le Mercredi 1 mai 2013 à 12h21.

Austérité : réalité du chômage, mirage de la croissance

Pour le 23e mois consécutif, le nombre de chômeurs a encore augmenté, à raison de 1 000 chômeurs de plus chaque jour. Il y a aujourd'hui officiellement 5 348 500 chômeurs. Depuis Pékin, François Hollande s'est voulu rassurant : « Le cap que j'ai fixé est de faire tout pour que nous retrouvions croissance et emploi ». Le cap de l'aveuglement, du bluff et de l’impuissance.«Nous travaillons pour la croissance pour 2014 et les années qui suivront » répète Hollande, appliquant la méthode Coué comme politique de gouvernement. Michel Sapin, ministre du Travail, s'empresse d'ajouter : « Tous les leviers de la politique de l'emploi sont désormais opérationnels », sous-entendu les résultats ne devraient pas se faire attendre. Mais tout le monde sait que cela est faux. La « boîte à outils » de Hollande est bien impuissante à inverser la tendance d'une politique d'austérité qui alimente le chômage et conduit à la récession. Comment pourrait-elle fonctionner alors que le dispositif essentiel, l'ANI bientôt devenu loi, facilite les licenciements et aggrave la précarité ?Dans son programme de stabilité présenté le 17 avril, le gouvernement prévoit, malgré une estimation de croissance quasi nulle en 2013, une légère reprise des créations d'emploi au second semestre et un recul du taux de chômage au dernier trimestre. Là encore, c'est du bluff alors que l'Europe est en récession. Même pour les économistes « officiels », il faudrait une croissance d'au moins 1,5 % pour que la courbe du chômage commence à s'inverser.

La croissance n'est pas une revendication !« Il faut créer de la croissance. Aujourd'hui, il y a des choix qui sont faits au détriment de l'industrie dans notre pays. Il faut un État stratège, qui intervienne pour dire que notre priorité, c'est l'emploi et c'est l'industrie », écrit Thierry Le Paon, secrétaire général de la CGT, dans sa lettre ouverte à François Hollande. Il demande que la prochaine conférence sociale, les 20 et 21 juin, porte sur « l'augmentation des salaires et du pouvoir d'achat, l'emploi, la politique industrielle, les services publics, une protection sociale de haut niveau, les droits à la retraite […] La rupture avec les politiques d'austérité et de rigueur budgétaire doit être à l'ordre du jour en France et en Europe ». Pour FO, Jean-Claude Mailly développe les mêmes idées. Comme si le gouvernement pouvait entendre leur demande… Comme si ce gouvernement n'était pas au seul service des classes dominantes et du patronat, soumis au seul critère qui définit la politique industrielle : la course au profit dans le cadre de la concurrence mondialisée…Devant leur propre faillite, économistes et dirigeants de la bourgeoisie évoquent la possibilité d'atténuer les politiques d’austérité. La question est en débat au sein du PS. Elle souligne leur échec mais n'apporte pas de réponse. Partir en guerre contre Merkel, la « chancelière de l'austérité », comme le font la gauche du PS ou Mélenchon, est une diversion qui nourrit la bêtise chauvine tout en restant prisonnier de la concurrence capitaliste.

Un plan de lutte contre le chômageLa droite cherche à profiter de la confusion et de l’impuissance du gouvernement pour faire pression dans le sens d'une accentuation de l'offensive contre les travailleurs. « Libérer le travail ! » s'exclame Copé en prônant la suppression des 35 heures, le contrat de travail unique qui rompt avec le CDI, un démantélement du code du travail qui cède la place à des relations contractuelles entre patrons et salariés… Une telle politique ne créera pas un emploi mais profitera au patronat, aux financiers et à tous les privilégiés en baissant le coût du travail. Elle aggravera la crise.À cette politique de classe, les organisations syndicales comme les partis politiques qui se revendiquent de la défense des droits des travailleurs et de la population devraient opposer un plan de lutte contre le chômage : interdiction des licenciements et partage du travail entre toutes et tous, embauches massives dans les services publics, annulation de la dette et création d'un monopole public bancaire, un plan de production visant à satisfaire les besoins de la population.Il n'y a pas d'autre voie.Yvan Lemaitre