Retrouvez ici la deuxième partie des « bonnes feuilles » de la brochure de campagne de Philippe Poutou. Après l’analyse de la situation politique et sociale la semaine dernière, voici les grandes lignes du programme que nous portons dans ces élections.L’intégralité de la brochure de campagne est disponible auprès des militantEs du NPA, dans les réunions publiques et sur Internet sur les sites www.poutou2012.org et www.npa2009.orgLe programme du NPA touche tous les champs de la société car, que l’on soit salarié, chômeur, en formation, agriculteur ou artisan, la crise du capitalisme accentue la dégradation de nos conditions de vie.Pour le NPA, quel que soit notre métier, quelle que soit notre origine, notre orientation sexuelle, il faut une égalité réelle. Cela implique des changements radicaux qui devront être imposés aux classes dominantes.
Nos services publics ne sont pas à vendre !
Droit à l’éducationNous voulons donc l’abrogation des réformes LMD, LRU, de la loi Fillon de 2005, de la masterisation des concours et l’arrêt des suppressions de postes.Il faut faire exactement l’inverse. L’éducation doit être gratuite de la maternelle à l’université, offrir des diplômes de qualité avec une valeur nationale. Il faut embaucher 150 000 enseignants.Les programmes doivent être refondus à tous les niveaux sous le contrôle croisé des enseignants, des parents et des élèves.Les stages doivent être rémunérés à hauteur du Smic. De même, la recherche ne doit pas être adaptée aux besoins immédiats des entreprises.L’accès à la santéNous voulons le remboursement à 100 % de tous les soins par l’Assurance maladie. Nous voulons l’arrêt des restructurations hospitalières, l’abrogation de la loi Bachelot, le maintien des hôpitaux de proximité avec urgences, maternité et chirurgie, un plan de création de 120 000 emplois dans les hôpitaux, l’expropriation des cliniques privées et des trusts pharmaceutiques et leur intégration au service public.Se loger, un besoin vitalNous voulons la réquisition des logements vides, la construction de 200 000 logements sociaux par an, l’arrêt des ventes de HLM, la renationalisation des HLM vendues et le blocage des loyers pour les limiter à 20 % du revenu.TransportsNous voulons développer massivement des transports en commun gratuits et publics, de proximité et de qualité et rapprocher habitations et lieux de travail. Nous voulons le financement par les entreprises de la totalité des déplacements vers le lieu de travail.
Jeunes : nous ne serons pas la génération sacrifiée
Le gouvernement et la classe dominante veulent faire payer la crise aux jeunes générations. Si nous voulons améliorer les conditions de travail de tous et de toutes, il faut imposer l’égalité des droits.Il faut imposer la rémunération des stagiaires et des apprentis à hauteur de la convention collective de leur branche, jamais en dessous du Smic ; interdire tous les emplois précaires, transformer les CDD et contrats d’intérim en CDI et tous les temps partiels non voulus en temps pleins.
Les jeunes doivent pouvoir se former, faire leurs choix d’études et de vie et chercher un premier emploi sans dépendre de leur famille ou d’un petit boulot. Il faut donc une allocation d’autonomie, à hauteur du Smic, financée comme les retraites par des cotisations sociales et gérées par des jeunes et des salariés élus. Ainsi, on ne sera plus obligé d’accepter n’importe quoi et on forcera les entreprises à embaucher dans des conditions décentes.
Il faut des moyens pour l’Éducation et l’enseignement supérieur, créer des postes à hauteur des besoins, garantir des diplômes nationaux et de qualité.
Contre l’encadrement et l’infantilisation des jeunes, il faut désarmer la police, supprimer les centres d’enfermement, légaliser le cannabis. Il faut reconnaître le droit de grève pour les lycéens et les étudiants et donner le droit de vote dès 16 ans.
Nos emplois, notre travail, pas leurs profits !
Interdire les licenciements et les suppressions d’emplois, répartir le temps de travailDes conditions de travail dégradées et un fort taux de chômage exercent une pression pour faire accepter des conditions de travail toujours plus dégradées.
Nous voulons donc :- l’interdiction des licenciements et des suppressions d’emplois.- Le partage du temps de travail entre toutes et tous, avec les 32 heures hebdomadaires sans perte de salaire ni annualisation du temps de travail.- L’interdiction des temps partiels imposés.Nous voulons des emplois stables, le maintien du contrat de travail par la branche en cas de faillite.Nous voulons le remplacement des emplois précaires par des CDI. Concernant les petites entreprises, qui sont pour l’essentiel sous la domination de grands groupes qui absorbent les bénéfices, c’est à eux de garantir le maintien du contrat de travail en cas de faillite d’une petite entreprise de la branche.Nous voulons la titularisation des précaires dans la fonction publique et l’arrêt des suppressions de postes, qui se chiffrent à plus de 30 000 par an alors que les besoins sont criants, notamment dans l’éducation, la santé et dans des régions ou quartiers populaires abandonnés par l’État.Nous voulons donc un plan de création d’un million d’emplois dans la fonction publique.Répartir autrement les richessesNous voulons une augmentation de 300 euros net pour toutes et tous, et un revenu minimum à 1 700 euros.Depuis le début des années 1980, la part des salaires dans la valeur ajoutée a baissé de plus de 10 points au profit des actionnaires. Ce sont des milliards qui nous sont volés chaque année et que nous voulons récupérer. Nous voulons la suppression de la TVA sur les produits de première nécessité.Nous voulons la retraite à 60 ans à taux plein (55 pour les travaux pénibles) après 37,5 annuités de travail.
Émanciper le travailNous voulons la pénalisation systématique des employeurs en cas d’accident du travail ou de suicide lié de près ou de loin au travail et un principe de précaution concernant les produits dangereux pour les êtres humains ou la planète.Nous voulons le contrôle des salariés sur les finalités et l’organisation du travail. On devrait discuter la nécessité de nombreuses activités industrielles, comme l’armement ou les activités dangereuses pour les travailleurEs, les populations et l’environnement (produits chimiques, risques d’explosions...).Prendre l’argent là où il est !Annuler la dette et saisir les banquesNous voulons l’arrêt immédiat du paiement de la dette et de ses intérêts, qui représentent 50 milliards d’euros par an. Nous voulons une enquête publique, militante et populaire, notamment pour rendre publics les comptes des banques. Nous voulons l’annulation de la dette publique, qui est totalement illégitime. Chaque année, elle représente 150 milliards d’euros pour la France.Il faut retirer leur pouvoir de nuisance à la finance et aux banques. Pour cela, nous voulons la réquisition des banques et leur regroupement dans un monopole contrôlant le crédit sous la responsabilité des salariés et de la population.Faire payer les richesDe l’argent pour appliquer nos mesures, il y en a ! Ceux qui gagnent plus de 500 000 euros par an ont vu leurs revenus augmenter de 70 % en trois ans !Nous voulons la suppression des niches fiscales. Les stock-options et autres réductions d’impôts profitent aux plus riches, qui défalquent toutes sortes de dépenses.Nous voulons l’augmentation de la progressivité de l’impôt sur le revenu. Le minimum serait une nouvelle tranche d’imposition à 100 % au-delà de 20 fois le Smic. La simple suppression de tous les dispositifs destinés à alléger les impôts des riches rapporterait 150 milliards d’euros par an.Prendre sur les profitsNous voulons la taxation des bénéfices des sociétés à hauteur de 50 %. Les seules entreprises du CAC 40 ont réalisé environ 100 milliards de bénéfices en 2011. Nous voulons l’arrêt des exonérations de cotisations sociales.Nous voulons l’arrêt des aides aux entreprises et à leurs filiales. Elles représentent 65 milliards d’euros par an, l’équivalent du budget de l’Éducation nationale ou des dépenses hospitalières. Seuls 9 % de ces aides touchent les PME, ce qui signifie qu’elles ont pour objectif essentiel de soutenir les grands groupes capitalistes, les mêmes qui font des profits et ne paient que peu d’impôts ou de cotisations sociales.
Pour sauver la planète, il y a urgence !
Nous voulons sortir du nucléaire en 10 ans ! C’est nécessaire et possible, tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Cela nécessite le développement massif des énergies renouvelables, couplé à un vaste plan d’économies d’énergie.
Nous voulons un service public de l’énergie cogéré par les salariés et les usagers. Afin de favoriser à la fois la démocratie et la meilleure indépendance énergétique des territoires, nous sommes favorables à une gestion la plus locale possible de la production et de l’approvisionnement.Cela nécessite un service public européen avec une mutualisation des productions, mais aussi des sites de stockage afin d’assurer un approvisionnement constant.Nous voulons le transfert gratuit de technologies des énergies renouvelables vers les pays du Sud, permettant un développement écologiquement viable.Nous voulons une baisse rapide du recours aux énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz). Cela nécessite de développer massivement les transports en commun gratuits, d’entamer la reconversion industrielle des secteurs les plus polluants : pétrochimie vers le renouvelable, automobile vers la production de véhicules propres et de transports collectifs, etc. De plus, il faut rénover et isoler l’habitat et recourir aux modes de chauffage fonctionnant à l’énergie renouvelable ou par cogénération. Il faut rapprocher l’agriculture des lieux de consommation, en réorientant la production vers les besoins locaux et régionaux, interdire progressivement l’emploi des engrais et pesticides chimiques et aller vers la généralisation de l’agriculture biologique, interdire les OGM en plein champ, et garantir le droit d’accès à la terre pour les petits paysans.Nous voulons la réquisition et la mise sous contrôle des grands groupes de l’énergie. Nous pouvons créer des centaines de milliers d’emplois, dans l’industrie, dans les énergies renouvelables et dans l’agriculture, mais aussi maintenir les emplois du nucléaire pour le démantèlement des centrales et une gestion sérieuse des déchets existants. Mais la loi du marché s’y oppose frontalement. C’est pourquoi il faut exproprier sans indemnité ni rachat les groupes privés capitalistes de l’énergie, de l’eau et de l’agroalimentaire. Cela permettra la mise en place d’une planification écologique décidée et contrôlée par les travailleurs et la population.
Garantir l’égalité des droits
Oppressions, discriminations : ils nous divisent pour mieux nous exploiter !La cellule familiale est fondée sur le travail domestique gratuit des femmes. C’est pourquoi nous revendiquons de véritables services publics pour les personnes âgées et la petite enfance, notamment la création de places en crèche à hauteur des besoins, l’accès à la maternelle dès 2 ans.Au travail aussi, nous voulons l’égalité !La précarité, le temps partiel imposé, le harcèlement moral et sexuel, le chômage et les attaques contre les retraites touchent plus particulièrement les femmes. Une véritable politique d’égalité salariale et professionnelle entre les femmes et les hommes doit être imposée aux entreprises.Notre corps nous appartientToutes les contraceptions et toutes les protections ainsi que les pilules du lendemain et l’IVG doivent être accessibles et gratuits.Homos, hétéros, bi, trans, inter sexes : égalité des droits !Nous voulons pour toutes et tous, les mêmes droits : femmes et hommes, homos et hétéros, notamment pour le mariage l’adoption, la procréation médicalement assistée, la parentalité, le droit de donner son sang et ses organes.
Non aux violences !Pour changer les mentalités, il faut une véritable politique de lutte contre les discriminations et l’idéologie sexiste avec notamment des cours d’éducation à la sexualité dans les collèges et lycées qui prennent en compte la diversité des pratiques, des sexualités et des identités.Les violences psychologiques, physiques et sexuelles envers les femmes, les homosexuelEs, et toutes les personnes qui ne sont pas jugées conformes à ces normes (bisexuelEs, transgenres, intersexuéEs) font également parti de ce système de domination. Pour lutter contre ces violences, nous voulons une véritable loi-cadre contre les violences faites aux femmes avec les moyens nécessaires à la prévention et à l’éducation.Non à la répressionLes prostituées sont les victimes d’un système que nous combattons. Nous voulons donc des droits pour leur défense et pour les aider à sortir de la prostitution : protection sociale, logement, titre de séjour, justice, droit d’association, formation, une aide réelle pour celles et ceux qui veulent en sortir, et l’abandon des politiques répressives (délit de racolage, pénalisation des clients), qui les mettent en danger et combat contre les réseaux mafieux et proxénètes qui prolifèrent sur la misère.
Démocratie et culture
Une démocratie réelle, maintenant !Nous voulons la suppression de la fonction présidentielle et la suppression du Sénat, qui n’est pas élu démocratiquement. Nous voulons la proportionnelle intégrale, qui permettrait de représenter les différentes orientations politiques.Pour nous, une démocratie réelle, ce serait la possibilité de décider à tous les échelons – local, régional ou national – de ce qui nous concerne, de révoquer les élus qui ne respectent pas leur mandat, que les élus fassent partie de la société au lieu d’en être sortis comme aujourd’hui, en continuant à travailler à temps partiel et en touchant le salaire moyen.Libérer les médias des capitalistesNous voulons l’arrêt de la concentration des médias et l’interdiction de posséder plusieurs groupes de médias.Nous refusons la mainmise du CSA, nous voulons un organisme démocratique de contrôle des médias.Partage de la cultureNous voulons un réseau culturel public de proximité pour promouvoir la création, avec une liberté de création, parce que l’expression artistique est aussi là pour déranger, pour subvertir. Il faut promouvoir l’échange, parce que les cultures minoritaires ou extra-occidentales sont un enrichissement pour tous.Nous voulons la liberté complète de diffusion. La rémunération des professionnels doit être pensée hors de la privatisation de la culture, et la liberté d’accès, parce que les barrières financières et sociales qui séparent le public des artistes doivent être abattues. La loi Hadopi doit être abrogée, les droits d’auteurs doivent être refondus, pour garantir des conditions de vie décentes à tous les artistes.
Contre le racisme et l’impérialisme
À l’échelle nationale :Nous voulons la régularisation permanente et immédiate de tous les sans-papiers, travailleurs ou pas. Cette mesure est indispensable sur le chemin d’une égalité pleine et entière des droits sociaux et politiques avec les travailleurs français. La liberté de circulation et d’installation en est la conséquence logique.
Nous exigeons l’abrogation de l’invraisemblable empilement législatif anti-immigrés que la droite et la gauche ont édifié.
Nous voulons l’abrogation de toutes les lois « sur le voile » stigmatisant les musulmanEs, qui sont la cible prioritaire des attaques racistes, et la mise en œuvre d’une laïcité qui ne soit pas le faux nez de l’islamophobie.
Nous demandons la fin de l’impunité policière, qui se résout toujours dans le sang de jeunes et moins jeunes issus de l’immigration. Par exemple, nous demandons la dissolution des BAC et le désarmement de la police. Mais aussi l’arrêt de la destruction des camps de Roms, la fin de la traque et des rafles de sans-papiers.Au niveau international :Nous exigeons le retrait des troupes françaises de tous les pays étrangers (en particulier la Françafrique et l’Afghanistan), la dissolution de l’Otan, la réduction du budget militaire à sa plus simple expression, la dissolution de l’armée permanente et l’abandon de l’arme nucléaire.
Nous voulons remettre en cause tous les accords bilatéraux de « coopération » ou de « co-développement » avec les pays du Sud, en particulier les mécanismes de la « Françafrique ». Ils imposent des politiques ultralibérales au détriment de la satisfaction des besoins de base, la présence des multinationales occidentales, le paiement des milliards de la dette, la coopération à l’expulsion des migrants, avec comme seule contrepartie une « aide » dérisoire, trois fois inférieure à ce que les sans-papiers envoient dans leur pays en liquide…
Nous demandons l’abrogation de tous les accords et dispositifs européens relatifs à l’immigration (comme Dublin II ou Frontex).
Nous défendons le droit pour tous les peuples, y compris ceux des colonies que sont les Dom-Tom, à l’autodétermination, à la maîtrise de leurs terres, sous-sol, matières premières et industries, aujourd’hui détenues notamment par les grands groupes français.Nous voulons mettre fin à la structure inique du Conseil de sécurité de l’ONU (en particulier abroger le droit de veto des « grandes puissances »), et la dissolution pure et simple de l’OMC, du FMI et de la Banque mondiale.
Nous voulons développer la solidarité internationale par rapport au processus révolutionnaire dans la région arabe, contre toutes les forces qui veulent écraser ou récupérer ce processus.Face à l’oppression sans fin dont il est victime, nous nous associons aux campagnes pour la solidarité avec la lutte du peuple palestinien : la levée du blocus de Gaza, le droit au retour des réfugiés, la fin de la politique de colonisation, la destruction du mur de la honte, le retour aux frontières de 1948, et l’arrêt de toute la politique d’apartheid de l’État d’Israël, soutenue par les grands pays impérialistes, les USA en tête.
Un projet européen et internationaliste
Il faudra rompre avec les institutions européennes actuelles pour engager la construction d’une autre Europe, démocratique, des travailleurs et des peuples. La crise de l’euro, les méfaits anti-sociaux et antidémocratiques de la Troïka (Union européenne, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international) et du « directoire franco-allemand » de l’UE mettent en évidence l’échec d’une « construction européenne » qui s’est faite dès l’origine contre les peuples.
L’Union européenne et l’euro ont aujourd’hui un double effet dévastateur. Ils servent de cadre à une offensive destinée à faire payer aux classes populaires la crise du capitalisme. Ils mettent gravement en danger l’idée européenne, les sentiments de solidarité et l’objectif d’une collaboration fraternelle entre les peuples du continent.
À cette Europe comme aux préjugés nationalistes, nous opposons la solidarité des travailleurs, des jeunes, des exclus, la perspective d’une lutte commune, radicale et massive des classes populaires des différents pays d’Europe contre l’austérité et ce capitalisme en crise.
Nous sommes Européens et, plus généralement, internationalistes.