Il aura fallu près d’une semaine pour que le procureur de Nice soit contraint de reconnaître, à la lumière des vidéos, la responsabilité de la police dans la chute de Geneviève Legay.
Samedi 23 mars. Alors que la ville de Nice est en état de siège pour accueillir Xi Jinping et Macron, un premier rassemblement pacifique réunissant une centaine de personnes se déroule sur la place Garibaldi pour protester contre les interdictions de manifester. C’est lors d’une violente charge policière que Geneviève Legay, militante et porte-parole d’ATTAC 06 est projetée à terre. La police empêche les street médics d’intervenir auprès de Geneviève et les met en garde à vue… Hospitalisée, Geneviève souffre de nombreuses fractures du crâne et d’une fracture du rocher, ainsi que de plusieurs côtes cassées.
Différentes plaintes seront déposées par la famille et ATTAC France pour « violences volontaires sur personne vulnérable par personne ayant autorité et armée », mais également pour subornation de témoin. En effet des policiers se sont rendus l’après-midi au chevet de Geneviève pour lui faire dire que ce n’est pas un policier mais un caméraman qui l’aurait renversée.
Le samedi 23 dans l’après-midi, à l’appel des Gilets jaunes, 500 à 600 manifestantEs se retrouvent devant la gare fermée par la police. Sit-in pacifique puis, quand la manif bouge, encerclement par un dispositif impressionnant de robocops. Les manifestantEs avancent dans les rues de Nice, mais au bout d’un moment les flics balancent des gaz et font usage de LBD. Un Gilet jaune se retrouve aux urgences (oreille coupée en deux). 80 interpellations auront lieu dans le département, dont 75 à Nice.
Colère contre l’État policier
Lundi 25 mars. À l’appel d’ATTAC, relayé par plusieurs organisations dont le NPA, se tient place Garibaldi un rassemblement de soutien à Geneviève, avec plus de 700 militantEs associatifs, syndicaux, politiques et Gilets jaunes. Prises de parole, en particulier des organisations où Geneviève milite (ATTAC, CGT et Ensemble), puis des Gilets jaunes et de Roya citoyenne. S’expriment également de nombreux témoignages de sympathie, mais aussi de colère contre cet État policier et ce président qui fait une nouvelle fois preuve de mépris en conseillant la « sagesse » à Geneviève…
Au moment de la dispersion, une manifestation improvisée se rend jusqu’à l’arbre de la liberté puis conduite par les Gilets jaunes se dirige sans incident jusqu’à la mairie de Nice.
Mardi 26 mars. Une dizaine d’organisations appellent collectivement à participer à la manifestation des Gilets jaunes du samedi 30 mars. Il s’agit pour elles de :
– Défendre la liberté de manifester et plus largement, les libertés démocratiques ;
– Condamner les déclarations pater nalistes et condescendantes du président de la République ;
– Dénoncer l’escalade sécuritaire et autoritariste ;
– Affirmer la légitimité des revendications portées tant par les mobilisations syndicales que par les Gilets jaunes (augmentation des salaires, des pensions et des minima sociaux, développement des services publics, autre répartition des richesses favorable à ceux qui les produisent…
Les organisations entendent également mettre en place un observatoire des libertés.
Sit-in devant l’hôpital Pasteur
Samedi 30 mars, jour de manifestation des Gilets jaunes. Après un rassemblement comptant environ 1 500 participantEs devant la gare, la manifestation se dirige vers l’hôpital Pasteur. Derrière un groupe de motards c’est, à la demande des Gilets jaunes, ATTAC 06 qui est en tête de cortège. La manifestation dévie de son parcours initial pour emprunter la voie rapide, bloquant ainsi toute circulation pendant une demi-heure.
Un premier arrêt a lieu devant la prison où des Gilets jaunes sont détenus. Les manifestants demandent leur libération contre l’emprisonnement du commissaire Rabah Souchi, responsable de la charge contre Geneviève et de l’arrestation des street médics.
Devant l’hôpital Pasteur, un sit-in est organisé. Les filles de Geneviève viennent à notre rencontre pour nous donner des nouvelles de leur mère.
La manifestation se dirige ensuite vers la caserne Auvare, où sont retenus en garde à vue plusieurs Gilets jaunes, avant de revenir au centre-ville. Malgré l’énorme dispositif policier aux abords de la gare, la présence policière a été relativement discrète pendant le déroulement de la manifestation qui, bien que très déterminée, est restée très pacifique.
Correspondant