Derrière le limogeage de la ministre de l’Écologie Delphine Batho, Hollande met en garde toutes celles et ceux qui oseraient critiquer son orientation, celle du 100 % austérité. Mais malgré les rappels à l'ordre autoritaire, l'usure du pouvoir continue.Delphine Batho n'avait même pas émis de doutes, comme l'ont fait d'autres auparavant, sur la politique d'austérité. Mais sa critique sur la baisse du budget du ministère de l'Écologie a suffi pour qu'elle soit limogée, au nom du principe de « solidarité gouvernementale ». Derrière ce limogeage, Hollande cherche désespérément à imposer son autorité, son orientation. Il provoque volontairement une mini-crise politique pour obliger ministres et députéEs à se soumettre ou à se démettre. Et ceux d'Europe Écologie Les Verts ont donc, une nouvelle fois, choisis de se soumettre.De la rigueur, encore et toujours...Le budget de l'État pour l'année prochaine n'est pas seulement « mauvais » comme l'a dit Delphine Batho, c'est une attaque sans précédent contre la majorité de la population. Côté dépenses, le gouvernement Ayrault-Hollande prévoit 14 milliards d'économies suivant ainsi les préconisations du dernier rapport de la Cour des comptes. Tous les ministères « non prioritaires » verront donc leurs crédits chuter, subissant ainsi un tour de vis supplémentaire. Le nombre de fonctionnaires va encore diminuer – au moins 3 200 postes supprimés – et, pour ceux qui restent, le salaire sera une nouvelle une fois bloqué.Les collectivités locales verront leurs dotations diminuées. Leurs possibilités d'intervention seront donc amputées, notamment les aides sociales, qui leur incombent depuis que l'État s'en est déchargé. Un coup de plus contre les plus pauvres qui subissent déjà de plein fouet les licenciements, le chômage, et la baisse de leur niveau de vie.Au total, les économies sur les ministères et les collectivités territoriales devraient s'élever à 9 milliards. Pour parvenir aux 14 milliards envisagés, il reste donc à en trouver cinq. Le gouvernement sait déjà où il va les puiser : dans les caisses des régimes sociaux, notamment de la Sécurité sociale, là encore sur le dos des classes populaires.Ceux qui aboient... sont aux abois !Le limogeage de la ministre de l’écologie par François Hollande n’a rien réglé sur le fond. Et la discussion budgétaire à l’automne pourrait aggraver la crise politique sous-jacente. Confronté à la désaffection de son électorat (huit élections législatives partielles perdues depuis son arrivée au pouvoir) et aux critiques de son propre camp, François Hollande a donc choisi la manière forte pour imposer son orientation et faire taire les divergences, soupçonnées de nuire à sa politique.Momentanément évitée par le maintien de dociles Verts au gouvernement, la crise n’en est pas éteinte pour autant. Celle-ci couve depuis longtemps dans les rangs du gouvernement et de la majorité, et pourrait à nouveau rebondir. La contestation n’a cessé de grignoter ces derniers mois, elle s’est étendue à plusieurs courants du PS et à une partie des rangs des écologistes, jusqu’à se propager au sein même du gouvernement.Tout cela est le reflet déformé d'une colère réelle chez la majorité des salariéEs, des chômeurs, des jeunes, des immigréEs, qui, depuis un an, ne voient pas leur situation s’améliorer. Au contraire, il n'est plus rare d'entendre dire que « le changement », c'est sur le fond la continuité de Sarkozy, voire pire ! Tout comme les autres gouvernements européens englués dans la crise et l'austérité, Hollande et Ayrault subissent l'usure rapide de ceux qui font le sale boulot... et le font bien.S'opposer, se mobiliser !Dans un tel contexte, il y a urgence à faire reculer le gouvernement, en particulier sur la question des retraites qui sera le rendez-vous social et politique de la rentrée. Nous connaissons déjà les grandes lignes de cette nouvelle attaque : baisse drastique des pension, augmentation de la durée de cotisation. Le 10 septembre prochain, date de grève et de manifestations à l’appel de la CGT, FO, la FSU et Solidaires, sera donc une date importante qu'il faut d'ores et déjà préparer.Cette journée doit être la plus massive possible, mais ne sera pas suffisante pour faire reculer ce gouvernement. Ce sera aussi une nouvelle occasion de rappeler que ce ne sont pas les travailleurEs, les retraitéEs ou les chômeurEs qui sont responsables des crises et du déficit de l'État. Face à une telle politique, riposter à ce gouvernement fragilisé, et à ses mesures d'austérité, devient une urgence. Une opposition de gauche, vite !Sandra Demarcq