Publié le Vendredi 14 juin 2024 à 18h00.

Carhaix : Pour les urgences, colère et résistance sont toujours là

Devant le commissariat de Quimper, plusieurs fois par semaine, et ce depuis le 14 mai, le scénario est toujours le même. Venues de Carhaix en car ou déjà rassemblées sur place, entre 60 et 300 personnes arrivent sur place entonnant, au milieu des drapeaux de la CGT, de la CFDT, de Solidaires SUD santé, de l’UDB, du NPA ou du PCF, leur maintenant célèbre : « Carhaix, Carhaix, Résistance ! »

Le jeudi 13 juin n’aura pas failli au rendez-vous. Cette fois-ci, c’était pour soutenir Marie, Myriam et Patricia. Avec elles trois, cela fera 18 personnes dont 17 soignantEs qui ont été convoquées, sous le régime de la garde à vue, pour avoir réclamé le maintien des urgences de leur hôpital de Centre Bretagne. Elles sont soupçonnées de « séquestration et violence en réunion » après une action menée en septembre 2023 dans les locaux du siège départemental de l’Agence régionale de santé (ARS) à Quimper, alors que les manifestants se mobilisaient pour la réouverture 24 h/ 24 du service des urgences. Action qui, du reste, avait semblé porter ses fruits : le 27 octobre un protocole pour la réouverture des urgences était signé par l’ARS, le département et la préfecture.

Le protocole d’octobre 2023 resté lettre morte

Non seulement, le protocole est pour le moment resté lettre morte (un autre protocole signé en décembre avec les médecins urgentistes de Brest ayant pris le pas sur celui concernant Carhaix), mais les mêmes qui l’avaient signé sont à l’origine des plaintes qui visent les militantEs du service public. 

Outre les nombreuses manifestations-rassemblement à Quimper, les défenseurs des urgences ont multiplié les actions. Ainsi, le 24 mai, à Carhaix, quelque 600 personnes ont participé à la soirée-débat sur l’avenir de l’hôpital organisée par le Comité de défense de l’hôpital de Carhaix. ÉluEs et citoyenNEs y ont rappelé leur détermination à voir les engagements du protocole signé avec l’ARS et le CHRU de Brest, dont dépend l’hôpital de Carhaix, respectés. Bien évidemment, il n’y avait pas de représentant de l’État ni de la direction de l’hôpital.

Médailles d’honneur de la ville

Parallèlement, le 8 juin, à Carhaix toujours, Christian Troadec, maire régionaliste de la ville, a remis aux dix premiers auditionnés la médaille d’honneur de la ville. Occasion pour l’élu, entre deux « Carhaix, Carhaix, Résistance ! » repris en chœur par l’assistance, d’exiger à nouveau « le retrait des plaintes immédiatement, ainsi que la réouverture des urgences. Il est inacceptable que la direction du CHRU continue ainsi à violer le protocole d’accord signé cet automne ! » 

Manifestation le 13 juin

Pour sa part, le porte-parole du Comité de vigilance, notre camarade Matthieu Guillemot, qui avait été le premier des gardés à vue, l’a rappelé : « Notre lutte est juste, ils ne nous arrêteront pas ! » Il a appelé à manifester devant l’hôpital la Cavale blanche à Brest le jeudi 13 juin. Il s’agit une nouvelle fois « d’exprimer notre colère et d’arriver à imposer la réouverture des urgences de Carhaix, sept jours sur sept et 24 heures sur 24 »

Le comité exige par ailleurs « l’arrêt de l’acharnement judiciaire dont sont victimes les défenseuses (elles sont 14 sur les 18) et défenseurs de l’hôpital de Carhaix » et entend réclamer « les démissions immédiates de Florence Favrel-Feuillade et de Julie Cholet, directrices des sites de Brest et Carhaix, pour leur totalitarisme et leur incompétence à trouver des solutions sanitaires vitales aux Centre-Bretons ». Cette manifestation était d’ailleurs appelée par l’ensemble des organisations syndicales CGT, CFDT, SUD, présentes depuis le début du conflit. Pour le mercredi 12, le syndicat SUD-Santé avait déposé un préavis de grève et appelé à soutenir les militants convoqués à Quimper. Le cri de ralliement des défenseurs des urgences n’a pas fini de résonner tant à Carhaix, Quimper ou Brest. 

Correspondant Quimper