Ils ont beau faire, rien n’y fait… Depuis près de six mois, contre la mobilisation inédite des Gilets jaunes qui s’exprime dans la rue et sur les ronds-points, le pouvoir a tout tenté : salir le mouvement en le traitant de débile, de fasciste ou d’antisémite, l’endormir en lançant durant plusieurs mois un prétendu « Grand débat », et surtout le réprimer, chaque semaine, en chargeant violemment les manifestations, en faisant un usage industriel de LBD et de grenades dites « défensives », en se livrant à des arrestations injustifiées, et en faisant passer une nouvelle loi liberticide contre, entres autres, le droit de manifester.
Ce n’est certainement pas la fin du « Grand débat » qui a calmé la mobilisation des Gilets jaunes. En effet, ce grand bla-bla n’a été, depuis le début, qu’une opération de communication orchestrée par Macron, qui s’est terminée par une vieille rengaine que nous ne connaissons que trop : la politique menée depuis deux ans est la meilleure, il faut donc la continuer et l’intensifier ! Macron a donc rejeté en bloc les revendications portées depuis six mois pour plus de démocratie, de justice fiscale et d’égalité sociale, mettant ainsi un peu plus en colère toutes celles et ceux qui, semaine après semaine, se mobilisent.
C’est dans ce contexte que le 1er Mai a été marqué par une profonde mobilisation, malgré le climat de peur qu’a voulu instaurer le gouvernement. Pour la première fois à cette échelle (plusieurs centaines de milliers de manifestantEs), on a assisté à une convergence entre militantEs syndicaux, du mouvement social, des partis politiques, et les Gilets jaunes. À noter qu’à Paris, la préfecture – toujours aussi manipulatoire – a réussi l’exploit d’annoncer deux fois moins de manifestantEs qu’Occurence, ce cabinet « indépendant » mandaté par plusieurs médias qui n’est pas connu pour gonfler les chiffres…
Un pouvoir autoritaire, violent et menteur
Après avoir créé un véritable état de siège dans la capitale, après s’être livré à près de 18 000 contrôles préventifs et avoir placé plus de 300 personnes en garde à vue, des charges policières accompagnées de gaz lacrymogène ont été lancées à de multiples reprises contre l’ensemble de la manifestation, y compris contre les cortèges syndicaux, bel et bien ciblés. Et pour décrédibiliser la mobilisation, Castaner s’est ensuite livré à des déclarations mensongères afin de présenter quelques dizaines de manifestantEs, fuyant les violences policières et cherchant à s’abriter dans l’enceinte de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, comme des « casseurs » se livrant à une « attaque » de l’hôpital au mépris de la santé des patientEs… Une version largement relayée par les grands médias aux ordres, en dépit de toutes les vidéos et de tous les témoignages directs, en particulier ceux des soignantEs de l’hôpital ! Mais devant ces témoignages, pris en flagrant délit de mensonge, médias et gouvernement ont dû faire volte-face et rétropédaler.
Mais cette intox de Castaner n’est pas une première du genre : ce gouvernement utilise régulièrement mensonges et désinformation pour faire passer en force sa politique. C’était déjà le cas de Macron lui-même lors de sa dernière conférence de presse où, pour « convaincre » qu’il fallait « travailler plus », il a indiqué que « la France travaille beaucoup moins que ses voisins »... alors que tous les chiffres prouvent le contraire !
C’est eux les casseurs !
Lundi, le pouvoir a réuni à Matignon des représentantEs syndicaux, du patronat ou encore d’associations d’éluEs pour lancer une prétendue « mobilisation générale » pour l’emploi ou l’écologie… Fort heureusement, la CGT et Solidaires ne sont pas prêtés à cette mascarade qui n’a pour but que d’accompagner l’offensive d’ampleur contre les services publics et les droits du monde du travail.
Car le programme de ces prochaines semaines est clair : création des maisons de services au public qui vont se multiplier à la place de véritables services publics ; augmentation de la durée de cotisation pour les retraites ; baisse de l’impôt sur le revenu pour une partie de la population... financée en contre-partie par le « travailler plus » et/ou la baisse des dépenses publiques ! Bref, Macron et ses amis continuent leur entreprise de casse sociale : ils ne sont toujours pas revenus sur leur projet de supprimer 120 000 emplois dans la fonction publique !
TouTEs ensemble pour les faire reculer !
Après des convergences réussies entre le mouvement social et celui des Gilets jaunes autour du samedi 27 avril et du 1er Mai, la journée de grève et de manifestation de l’ensemble de la fonction publique de ce jeudi 9 mai doit permettre de franchir une nouvelle étape. D’abord pour la défense de nos services publics – de l’école aux hôpitaux en passant par la SNCF, La Poste ou les finances publiques – tous en danger mortel : postes supprimés, accumulation des tâches, management destructeur, dématérialisation… Au-delà de la dénonciation, cette grande journée de revendication des salariéEs (fonctionnaires et contractuelEs) et des usagerEs (Gilets jaunes, parents d’élèves, retraitéEs…) pour des services publics répondant aux besoins sociaux du plus grand nombre est une étape essentielle.
La réussite du 9 mai doit permettre de préparer la suite : par la grève qui doit se prolonger, par la mobilisation commune du plus grand nombre, ce printemps doit bien être celui d’une riposte générale contre la répression, le mépris et la casse sociale.
Joséphine Simplon et Manu Bichindaritz