Le 19 décembre, après des réunions bilatérales, les organisations syndicales « représentatives » nationalement, ainsi que l’UNSA, ont été reçues ensemble par Édouard Philippe, qui a annoncé à l’issue de la rencontre des « avancées concrètes ».
Le 19 décembre, Laurent Berger affirmait avoir « senti une ouverture de la part du Premier ministre ». Quel flair ! Mais le lendemain, le dirigeant de la CFDT a confirmé à la radio les dires de Philippe Martinez : il n’est rien ressorti de concret des réunions, le Premier ministre se contentant de vagues déclarations d’intention sur la pénibilité et le minimum des pensions. La CGT a déploré n’avoir eu aucune réponse à ses propositions. On se demande à quoi sert de participer à une réunion, où le gouvernement a fait semblant de négocier avec les syndicats dits réformistes, et cru un moment avoir atteint son objectif puisque la direction de l’UNSA a suivi la CFDT et appelé à la suspension de la grève durant les congés de Noël, avant de déchanter car les syndiquéEs concernés ont refusé cette « trêve ».
Les errements et contradictions de la CFDT
La direction du « premier syndicat de France » ne s’oppose pas à la réforme du système des retraites, mais à une de ses dispositions, l’âge d’équilibre (ou âge pivot). Laurent Berger explique dans le Monde (15 décembre) qu’il est « profondément injuste de demander à ceux qui sont nés en 1960 et qui doivent partir à la retraite en 2022 de travailler plus longtemps ». Il prétend se battre contre les mesures paramétriques sur l’âge, mais valorise la réforme Touraine qui allongera la durée de cotisation requise pour l’obtention d’une retraite à taux plein, et augmentera d’un trimestre tous les trois ans, dès 2020 et jusqu’en 2035, pour atteindre 43 ans pour les personnes nées en 1973. Il défend le principe d’une retraite à points en répétant que « cela n’a aucun sens de conjuguer réforme systémique et paramétrique » et s’oppose « aux mesures budgétaires sur les retraites ». Mais la réforme du système a pour objectif de réaliser des économies et implique quasi automatiquement des mesures sur les paramètres. En Suède par exemple, la réforme a eu pour conséquence l’allongement de la durée de cotisation, le report de l’âge de départ à la retraite et la baisse moyenne des pensions. Elle a atteint son but : une réduction du budget consacré aux retraites… Il est évident que c’est aussi l’objectif du gouvernement Macron.
Les reculs sociaux ne doivent jamais être négociés mais combattus
La réforme Macron-Philippe n’est ni amendable ni négociable, elle aura inévitablement des conséquences néfastes pour la grande majorité des futurs retraitéEs.
Les pensions vont baisser avec la prise en compte dans leurs calculs de la totalité des périodes cotisées. Les périodes de bas salaire, de précarité, seront incluses dans le calcul au lieu des 25 meilleures années dans le privé et des 6 derniers mois dans le public. Le budget des retraites devra être limité au montant actuel de la part des richesses consacrée au financement des régimes de retraite, 14 % du PIB, alors que le nombre de pensionnéEs va augmenter chaque année. L’âge de départ à la retraite sera reculé, avec l’instauration d’un âge d’équilibre dès 2022. Pour ne pas subir une diminution de sa pension de 5 ou 10 % chaque année, il faudra travailler une ou deux années de plus au-delà de 62 ans.
Les plus riches paieront moins de cotisations et contribueront relativement moins au financement des retraites : au-delà de 120 000 euros brut de revenus par an, leur taux de cotisation sera limité à 2,8 %. En-dessous de ce plafond ils paieront, à l’instar des autres cotisantEs, une cotisation de 28 %. Leur nombre de points sera calculé sur ces 120 000 euros, leur pension sera donc aussi limitée à un plafond : c’est une incitation à ce qu’ils cotisent à des assurances privées et à des fonds de pension.
S. Bernard