Les saccages et pillages de magasins chics, restos et banques des Champs-Élysées le samedi 16 mars, lors du dernier rendez-vous des Gilets jaunes, ont déclenché l’hystérie chez ceux d’en haut, les riches et leur président. Il faut dire que les Gilets jaunes ont la rage et la niaque en cette fin de Grand débat de Macron, organisé non seulement sans eux mais contre eux.
L’incendie du Fouquet’s, qui a scandalisé les uns, rendu hilares les autres, a cristallisé cette lutte de classes qui se joue aujourd’hui sous gilet jaune. Le célèbre établissement, où la bourgeoisie parvenue et repue a ses habitudes, n’est pas un resto du cœur, c’est plutôt celui des portefeuilles à la place du cœur. On s’y paie un petit brunch à 95 euros. Tout un symbole, hautement inflammable !
Acte 18 des Gilets jaunes, donc dix-huitième crise de nerfs dans les allées du pouvoir : chez Macron (revenu fissa du ski), Philippe et son ministre de l’Intérieur Castaner. Mais branle-bas de combat aussi chez les politiciens réactionnaires qui en appellent à l’action immédiate du gouvernement : interdiction des manifestations et arrestations préventives des fauteurs de trouble, demandent des Républicains ; dissolution des groupes d’extrême gauche, propose Marine Le Pen. Police, justice : tout l’arsenal répressif est requis contre les rebelles. Très exactement ce que fait Macron avec sa loi anticasseurs restreignant encore le droit de manifester, et avec les nouvelles dispositions annoncées par Philippe.
Tout sauf un début de réponse aux questions sociales et vitales, de vie chère et de démocratie, que posent les Gilets jaunes – et que posent avec eux les milieux populaires, dont bien des travailleurEs qui manifestaient le 19 mars à l’appel syndical. Et dont bien des jeunes et moins jeunes, qui manifestent contre les désordres climatiques ou contre le racisme et la chasse aux migrantEs.
Car ce ne sont pas les Gilets jaunes, rouges ou verts, les casseurs. Ce sont au contraire ceux qui détruisent par millions leurs emplois, leur santé et leurs vies, par leur soif de profits. Ce n’est pas un plan d’urgence pour les Champs-Élysées qui s’impose. C’est un plan d’urgence pour toutes celles et ceux que le capitalisme tue à petit feu, ainsi que leur planète. Et qui fort heureusement, sur bien des terrains aujourd’hui, se rebiffent ! Ce qui commencerait, si elle n’était encore en ordre dispersé, à ressembler à une mobilisation générale.
Michelle Verdier