En 10 ans c’est la première fois que des collègues viennent me voir pour me poser cette question. Il faut dire qu’en général soit cette activité est réservée à un petit nombre d’initiés qui en ont l’habitude, soit il s’agit d’un débrayage collectif à la production. Mais pour le 5 décembre, des gens qui n’ont jamais fait grève ou qui ont parfois posé une demi-journée de congé pour aller à la manif, veulent s’opposer à cette réforme et sont prêts à l’assumer vis-à-vis de la direction de la boîte. C’est clair : il se passe quelque chose qu’on n’avait pas vu ni en 2010 pour les retraites, ni contre la loi travail bien que les manifestations aient été déjà très grosses à ce moment-là.
Aux postes de production, la proportion d’intérimaires plafonne la participation et empêche dans les faits l’arrêt de l’usine mais le nombre de grévistes pourrait bien avoir un impact visible sur la productivité ce jour-là. Chez les ingénieurEs, les baisses de pensions prévues par la réforme sont telles que cela clarifie leur positionnement en termes de classe vis-à-vis du gouvernement et les poussent à se mobiliser au côté des ouvrierEs et technicienEs.
La reconduction de la grève n’est pas encore envisageable mais la question des suites se pose malgré tout… Il est possible qu’en attaquant tous les secteurs et toutes les catégories simultanément, le gouvernement nous donne l’occasion de ce grand tous ensemble public/privé que nous essayons de construire depuis des années !
Elsa Collonges, usine de microélectronique, Isère