Publié le Vendredi 3 juillet 2015 à 08h08.

Congrès du PG C’est quand qu’ils vont où ?

À quelques jours de son congrès qui se tiendra les 4 et 5 juillet à Villejuif, le PG n’est pas très en forme. 

Officiellement, seuls 25 % de ses adhérentEs ont participé au vote sur les plateformes d’orientation, ce qui est extrêmement faible pour un parti qui revendique encore 10 000 adhérentEs contre 12 500 en 2012. À moins que le pourcentage soit plus important... et le nombre d’adhérentEs bien plus faible.

L’érosion du Parti de gauche n’est pas nouvelle : la crise est ouverte depuis l’après-présidentielle de 2012 et surtout depuis la séquence électorale de 2014 (municipales et européennes) où les résultats obtenus étaient loin des pronostics de la direction. Depuis, un certain nombre de militantEs se questionnent sur le profil même de ces campagnes (le fameux parler « cru et dru ») et globalement sur l’orientation.

La retombée de la dynamique de la campagne présidentielle, les « mauvais » résultats des élections suivantes mais aussi le problème récurrent de la démocratie interne a lassé un certain nombre de militantEs voire de dirigeantEs locaux et nationaux. Les démissions fracassantes de Sylvie Aebischer, ex-co-secrétaire du PG dans la capitale, ancienne directrice de campagne de Danielle Simonnet aux municipales de 2014, et de Fabien Marcot, conseiller national du PG et co-secrétaire du comité du 20e arrondissement de Paris en sont les derniers exemples. Dans une lettre rendue publique par le journal Libération, tous deux critiquent violemment le parti qui serait selon eux une « structure construite autour de l’aura d’un seul homme », ainsi que les décisions prises dans les médias et non dans les instances du parti, de même que la stratégie de la direction qui n’aurait qu’un seul but : mettre Mélenchon sur orbite pour 2017. Ah bon ? Mais comme toujours, face à cette crise, la direction préfère fermer les yeux et continuer comme si de rien n’était...

Temps de crise, tant de crises...

Du point de vue de l’orientation, la crise est aussi présente. Lors du Conseil national d’avril, plusieurs textes préparatoires au congrès national étaient en lice : la majorité du Bureau national autour du texte « La vie est à nous », mais aussi « Plus belle la vie » signé notamment par l’ex-co-présidente du PG Martine Billard, ou encore celui défendu par Guillaume Etiévant « Pour le peuple ! ». Après une nuit de tractations, deux textes ont au final été soumis au vote des militantEs : le premier regroupe toute la direction « Tout est possible », l’autre « Courage et clarté politique » prône en particulier la sortie de l’euro. Le résultat des votes a donné une majorité à la direction sortante, mais pas franchement écrasante puisque leur texte a seulement obtenu 55 % , mettant un peu plus à mal la direction qui cherchera sans doute à élargir sa majorité lors du congrès.

Les difficultés pour le PG, bien réelles, ne semblent donc pas se résorber à la veille du congrès. En particulier, les divisions entre le PG et le PCF, les principales composantes du Front de gauche, s’approfondissent, et la perspectives des élections régionales et présidentielle n’arrangent pas les choses. Pierre Laurent vient d’annoncer sans discussion dans le Front de gauche sa candidature en Île-de-France.... sans repousser à aucun moment un accord de second tour avec le PS, et Mélenchon, lui, vient également d’annoncer à demi-mot sa candidature pour les présidentielles de 2017. 

Sur le congrès de son parti, ce dernier a indiqué que « Ce sera mon dernier discours au PG. La prochaine fois, soit je serai président de la République, soit j’aurai créé ma fondation »... Comme si désormais, après avoir épuisé le Front de gauche, après le flop du mouvement pour la sixième république (M6R), le PG ne lui était plus un outil utile... Mauvais temps à l’horizon.

Sandra Demarcq