Le conseil national du PS réuni le week-end dernier a donné le coup d’envoi du 77e congrès qui se tiendra les 5-6 et 7 juin à Poitiers. À l’issue de ce conseil national, quatre motions sont en lice… Quatre motions qui ne changeront rien sur l’orientation libérale du PS.
Ces textes seront soumis au vote des militantEs le 21 mai, et ces derniers devront ensuite départager le 28 mai les deux motions arrivées en tête. Dans un climat de tensions internes et de désaveu toujours plus grand, Cambadélis a réussi à manier l’art de la synthèse en rassemblant autour de lui réformateurs, Aubrystes et membres de l’exécutif. Tout le monde s’y retrouve... et interprète à sa façon les diverses tournures du texte, où chaque sensibilité a compris son intérêt à se trouver dans ce qu’ils espèrent être la future majorité du parti.
Martine dans la majoritéLe suspense aura été insoutenable : qu’allait donc faire Martine Aubry pour le prochain congrès du PS ? Depuis des mois, cette dernière ne taisait plus ses désaccords avec la politique du gouvernement, et en décembre, elle s’est attaquée à un des aspects de la loi Macron, le travail du dimanche, indiquant qu’elle « combattrait cette régression pour notre société au niveau national, comme dans ma ville. » À l’issue des élections départementales, le ton était de nouveau monté.Et puis, et puis ? Et puis pschitt ! Vendredi 10 avril, lors d’une conférence de presse, elle a annoncé son ralliement à la motion présentée par Cambadélis, celle du « renouveau des socialistes par la réussite gouvernementale… ». Aubry explique qu’elle a fait le choix de se « battre à l’intérieur » de la direction du PS... pour faire en sorte, proclame-t-elle, que « François Hollande gagne » en 2017 ! Hollande et Valls sont donc rassurés : le congrès de Poitiers est sauvé, car il ne sera pas celui de la rupture avec le pouvoir. Toute la question est désormais de savoir le score que fera la motion Cambadélis lors du vote des militants le 21 mai. Quel suspense !
Le couteau sans lame des « Frondeurs »Face à la motion de Cambadélis, le conseil national du Parti socialiste a entériné trois autres textes programmatiques. Soutenue par les ex-ministres Hamon, Montebourg et Filippetti, et menée par Christian Paul, la motion des « Frondeurs » est intitulée «À gauche, pour gagner ». Elle plaide pour « une réelle inflexion » de la politique économique, « un agenda de réformes, (...) quelques actes forts » consistant à utiliser des marges de manœuvre qui existent pour le « soutien aux investissements », des mesures de « pouvoir d’achat », une « loi bancaire » et une « réforme fiscale ». Toujours très critiques dans les mots mais encore bien loin de la rupture, les « Frondeurs » pourraient écorner un peu la légitimité de Cambadélis... mais guère plus.Autres textes, la motion intitulée « La Fabrique » des « non-alignés », dont la première signataire est la députée Karine Berger, secrétaire nationale du PS à l’Économie, ainsi qu’une motion plus « militante » ayant pour nom « Osons un nouveau pacte citoyen et républicain ».
Plus ça change, plus c’est la même choseMême si certains peuvent être plus ici ou là critiques de la politique menée par le gouvernement, les quatre textes ont un point commun : celui de la continuité. Sans grande surprise, aucun ne propose une rupture nette avec l’orientation de ce parti et de l’exécutif, tout au plus quelques aménagements plus ou moins cosmétiques.Sur toutes les questions centrales, le cadre d’orientation, les mesures proposées, sont dans la lignée de celles menées depuis 3 ans : remise en cause des acquis sociaux, cadeaux au patronat, économies pesant sur ceux d’en bas, disparition de services publics par leur gestion comptable, volonté de diminuer drastiquement le montant des salaires, tout en privilégiant « les entreprises », c’est-à-dire en augmentant les bénéfices des actionnaires.Donc, rien de très neuf. Bref, circulez il n’y a pas grand chose à voir...
Sandra Demarcq