Trois jours pour rien, sans aucun enjeu à part la répartition des places de direction entre les différentes motions, et un cap réaffirmé sur tous les tons : la république en lieu et place du « socialisme » fondateur. Le congrès du PS a donc tenu toutes ses promesses...
Le seul objectif du congrès de Poitiers a été d’afficher le temps d’un week-end la « fierté socialiste », un PS rassemblé autour de la motion majoritaire qui a rassemblé 60 %. On aura donc du mal à se souvenir de ce congrès, même chez les membres du PS les plus convaincus, tant il n’en est rien sorti. Aucune inflexion laissant croire à un changement de cap, Valls lors de son discours appelant au contraire à accélérer les réformes « pour donner de la force aux entreprises, car elles créent de la richesse et de l’emploi »... Même la tentative de synthèse, une science inexacte dont les socialistes ont le secret, a échoué. Bref, un congrès pour rien à part la volonté de mettre en scène un parti en ordre de marche, en soutien total au président, au gouvernement et à sa politique.Pour cela, la plupart des orateurs, à commencer par les ténors du parti (de Cambadélis à Valls) ont omis sans surprise de parler de luttes de classes, d’égalité et de justice sociale. Mettant au second plan le « socialisme », tous ont défendu la république et la laïcité, sur fond d’anti-Sarkozisme... ce qui pouvait laisser croire qu’ils avaient tous oublié que c’était bien un des leurs qui est au pouvoir. Pour Valls, « La République, c’est l’autorité, c’est le respect de la loi, c’est l’ordre public, c’est la protection due à chacun, c’est la sécurité », la laïcité étant définie comme un « rempart contre tous les intégrismes et tous les communautarismes, les pensées rétrogrades qui enferment les femmes, notamment dans leur vie ou bien derrière un voile ».Cerise sur le gâteau, le PS n’a rien trouvé de mieux que d’inviter Papandréou, l’ancien Premier ministre grec qui a appliqué avec zèle les desiderata de la troïka avec la réussite que l’on connaît, sans bien entendu jamais parler à aucun moment de Syriza ou de Podemos. Choisis ton camp camarade...
L’opposition interne, combien de divisions ?Face à l’orientation de la majorité du PS, les différentes « oppositions » n’ont pas la même stratégie, même si tous portent le même constat qu’« il y a désormais deux gauches en France », comme le dit désormais le « Frondeur » Christian Paul : « une gauche d’inspiration libérale et une gauche de transformation. » Mais si le constat est partagé parmi les opposants internes, tous n’ont pas la même stratégie, entre ceux qui croient pouvoir changer l’orientation de l’intérieur, comme c’est le cas de Benoît Hamon ou de Christian Paul, et ceux qui, comme Pouria Amirshahi, plaide pour la mise place d’« un mouvement national citoyen de type nouveau » prenant exemple sur Syriza et Podemos.Et il y a aussi celui qui, malgré sa « retraite » de la vie politique, s’invite au congrès en co-signant avec un banquier d’affaires une tribune à charge contre le gouvernement. « Hébétés, nous marchons droit vers le désastre », écrivent Montebourg et Matthieu Pigasse. Une tribune qui permet à Montebourg de prendre date pour la présidentielle, l’homme providentiel en kit pour 2017… oubliant au passage sa participation active, pendant deux ans, dans le gouvernement Ayrault.Bref, un congrès qui, malgré quelques grincements, marque le rassemblement du PS... autour de la préparation de 2017 !
Sandra Demarcq