Le coup de force de Macron après les résultats de juin dernier est loin d’être fini. Nous vivons une crise de légitimité du pouvoir institué sans précédent. À nous de construire des luttes pour en finir avec ce pouvoir.
Les élections européennes et législatives sont révélatrices des crises sociales, écologiques et guerrières en Europe et dans le monde. En particulier en Ukraine, où les populations continuent à vivre au quotidien sous les bombes, comme le détaille l’article d’Oleksandr Kitral (p. 10). En France, les attaques libérales et les défaites de ces dernières années offrent un espace important à la propagande populiste et raciste de l’extrême droite au sein de la classe ouvrière, comme le démontre Thomas Coutrot (p. 6). Le nouveau front populaire (NFP) a permis « d’éviter le pire » à l’Assemblée nationale et de regrouper toute la gauche. Nous nous en sommes saisis pour inscrire dans cet espace, notamment avec la campagne de Philippe Poutou dans l’Aude (p. 4) où le NPA-A s’est retrouvé confronté à une double injonction : celle de soutenir l’unité politique, syndicale et associative de la gauche et, en même temps, de pousser des propositions radicales pour tenter de contrer l’extrême droite.
Un gouvernement de droite prêt pour le combat
Après cinquante jours sans gouvernement, la nomination de Michel Barnier, vieux briscard de la droite réactionnaire, sexiste et homophobe, constitue un abus de pouvoir et une provocation majeure, dans la continuité autoritaire d’un quinquennat marqué par le recours extensif à la répression de toute opposition et des mesures d’exception. Macron désavoue sa propre norme parlementaire. Le Premier ministre est issu d’un parti totalement défait et ne tient qu’avec l’accord et la pression du RN, dont dépend à présent la pérennité de cette usurpation. La 5e République semble paralysée par la division en trois blocs de l’Assemblée nationale. Mais le régime présidentiel montre sa toute-puissance. Les ministres-démissionnaires qui devaient se limiter aux « affaires courantes », ont continué leur politique libérale et tout mis en place pour faire voter un budget d’austérité pour 2025, poussant les travailleurs·euses dans les bras du RN. En sept ans, Macron à tout fait pour favoriser l’extrême droite, en menant une politique néolibérale offensive (dont Henri Wilno nous rappelle l’histoire et la portée dans sa critique du livre de David Harvey, p. 34). Tout en réprimant de plus en plus massivement les révoltes populaires. Le patronat français a de plus en plus besoin d’un État fort pour survivre, pour espérer tirer leur épingle du jeu dans la redéfinition des sphères d’influences mondiales, à l’image de l’Argentine ou de l’Italie.
Construire nos luttes
Face à cela, la gauche ne peut rester l’arme au pied. Nous avons souhaité, dans le dossier de ce numéro, expliquer ce qui nous semble nécessaire pour une gauche de rupture. L’unité, dans le Nouveau front populaire, en est le premier élément. Nous y défendons, pour convaincre sans cliver, nos positions féministes, antiracistes, écologistes et internationalistes. Cette unité n’a de sens que si elle agit, si elle cherche à transformer la société. C’est pourquoi il nous semble indispensable de mettre à l’ordre du jour dix mesures de rupture sur des questions économiques (salaires, retraites) ; de société et internationales (Palestine, Ukraine…). Par ces revendications pour la rupture, nous entendons favoriser des manifestations qui se confrontent réellement au pouvoir. C’est dans les manifestations et les grèves massives qu’émerge la conscience d’être un collectif, une force suffisante non seulement pour renverser le vieux monde, mais également pour en bâtir un nouveau.
Développer nos organisations
Nous sommes pleinement conscient·es que les institutions de l’État exercent une pression sur le mouvement ouvrier, tant au niveau politique (sur les député·es, une fois élu·es), qu’au niveau syndical (par le « dialogue social ») et des partis (la pression des appareils pour leur propre maintien). Tout concourt pour maintenir le vieux monde en place. C’est pourquoi nous défendons un fonctionnement totalement démocratique, où chacun·e discute et prend des décisions et agit pour le collectif. C’est ce que nous voulons construire au NPA-A, et c’est en ce sens que nous nous insérons dans toutes les dynamiques qui forment l’unité de notre camp social, avec les forces politiques du NFP, comme dans la construction d’une union avec les forces qui soutiennent un projet unitaire et anticapitaliste. Nous continuons à développer et étendre les comités locaux du Nouveau front populaire, pour l’unité de notre camp social. En même temps, nous nous efforçons de regrouper les forces politiques qui soutiennent une vision unitaire et anticapitaliste. Il faut faire bouger les lignes aujourd’hui pour construire les luttes de demain et en finir avec le clair-obscur actuel d’où surgissent les monstres.