Publié le Jeudi 4 mai 2017 à 12h13.

Contre Le Pen, contre le rouleau compresseur capitaliste, se mobiliser, lutter, reconstruire

Le deuxième tour de cette élection présidentielle ne pourra que nous laisser amertume et colère...

Au printemps 2016, nous étions, semaine après semaine, des centaines de milliers dans les rues des villes du pays, avec des vagues successives de grèves contre la loi El Khomri. Nous étions capables de défier le gouvernement libéral de Hollande qui, après la loi Macron, voulait nous imposer une nouvelle loi de régression sociale pour satisfaire les volontés du Medef. Place de la République à Paris et dans de nombreuses villes, avec Nuit debout, des milliers de militants des syndicats, des mouvements sociaux, débattaient, échangeaient sur les réponses à apporter à l’injustice sociale. Les sociaux-libéraux serraient les dents et le FN était muet. Nous, les exploitéEs et les oppriméEs, étions capables sinon de faire reculer le gouvernement, au moins de montrer notre force dans l’action collective.

Pas une voix pour Le Pen !

Un an plus tard, ce ne sont plus les travailleurEs ou la jeunesse mobilisés qui sont sur le devant de la scène. Le deuxième tour nous réduit collectivement au rôle de spectateurs d’une alternative redoutable. Les partis se réclamant du mouvement ouvrier ont été éliminés.

Marine Le Pen, héritière millionnaire, est la candidate d’un parti qui plonge ses racines dans les vieux courants d’extrême droite, fascistes, anti­sémites, réactionnaires, nostalgiques de la collaboration. Ces courants n’ont rien à avoir avec la défense des classes populaires et le combat contre le capitalisme. Mais Le Pen et le FN ont réussi à se créer une base électorale parmi les salariéEs, parmi ceux d’en bas, en se prétendant les défenseurs des travailleurs français face à la mondialisation, en poussant à la division et au rejet des travailleurs étrangers et des migrants. On l’a vu devant Whirlpool, ce n’est pas au combat contre les grands groupes capitalistes qu’appelle Le Pen, mais à la fermeture des frontières, laissant les mains libres au patronat « français ». Le Pen cherche à rompre son isolement et vient de s’acheter, avec Dupont-Aignan, un passeur vers la respectabilité.

Mais Le Pen et son parti représentent un danger mortel qui ne peut pas être banalisé. Avec elle à l’Élysée, ce seraient les libertés démocratiques et les droits sociaux élémentaires qui se retrouveraient en péril. Les droits des étrangers, des femmes, des LGBTI, des associations du mouvement social, seraient aussi attaqués frontalement. Aucune voix venant des classes populaires ne doit se porter sur le vote Le Pen.

Macron, ce pompier pyromane

Mais le candidat qui prétend protéger le pays de la menace du Front national est le représentant labellisé du grand capital. Il porte le même flambeau du libéralisme que LR et les sociaux-libéraux du PS ont laissé choir. Ce sont justement toutes les politiques libérales menées hier par Sarkozy et Hollande, par Macron lui-même qui ont poussé dans le chômage, la précarité et la misère des millions d’hommes et de femmes. C’est sur ce terreau que s’est développé le vote FN et qu’il risque de se développer davantage demain.

D’ores et déjà, le candidat Macron nous promet d’aggraver la loi El Khomri, de s’attaquer aux chômeurEs et aux retraitéEs. Et, à l’image de son ancien Premier ministre, il nous promet de gouverner par des 49.3 à répétition, sous forme d’ordonnances...

Reprendre l’offensive !

Nous comprenons ceux et celles qui, dimanche prochain, mettront un bulletin Macron dans l’urne pour faire bar­rage à Le Pen. Mais pour faire vraiment reculer l’extrême droite et défendre nos droits sociaux avec plus de force, il va falloir reprendre l’offensive, le chemin de la grève et des manifestations, comme nous avons su le faire l’année dernière.

Cet objectif, le NPA le propose à toutes celles et ceux qui se sont retrouvés dans les luttes contre la loi El Khomri, à Notre-Dame-des-Landes, lors de la COP21, dans les combats féministes et antiracistes, qu’ils se soient abstenus ou ait voté Hamon, Mélenchon, Arthaud ou bien entendu pour notre candidat Philippe Poutou.

Il va falloir nous doter de nos propres outils politiques, démocratiques, unitaires, en se rassemblant autour d’un programme anticapitaliste pour défendre nos intérêts, pour s’attaquer au pouvoir des capitalistes et des banquiers. Nous voulons construire un parti de combat, ancré dans les luttes quotidiennes, une force qui n’a pas peur de s’en prendre à la propriété capitaliste, qui défende la rupture avec les institutions nationales et européennes...

Il n’y a pas d’autre issue.

Léon Crémieux