Cette élection présidentielle a un petit goût de fin de règne…
François Fillon est resté candidat malgré sa mise en examen pour détournement de fonds publics, et l’extrême droite est en embuscade, profitant de la décomposition à droite. Un « nouveau » candidat, hors des partis – mais pas du système –, attend son heure, préparant sa potion libérale et austéritaire. Les institutions sont à bout de souffle, et près de la moitié des électeurs pense s’abstenir, refusant avec raison de voter pour les partis qui ont mis en place des politiques antisociales...
N’en déplaise à Hamon et à Macron qui se partagent tous deux une partie de l’héritage, le quinquennat catastrophique de Hollande a largement contribué à cet état des lieux.
Un boulet en guise de bilan
Les différents gouvernements Hollande ont brutalement accéléré les attaques contre l’immense majorité de la population, en particulier avec les lois Macron et El Khomri. Les conditions de vie et de travail sont de plus en plus difficiles. Les fermetures d’entreprises et les licenciements se multiplient, la souffrance et les accidents de travail tuent, le chômage et la précarité explosent. Les services publics se dégradent, notamment dans la santé et l’éducation. L’accès au logement est toujours aussi difficile. La pauvreté continue de faire des ravages. Pas de trace de tout cela dans la dernière liste des grandes fortunes de ce monde publiée par Forbes il y a quelques jours.
L’état d’urgence, le recul des libertés démocratiques, le développement du racisme, l’absence de solidarité pour accueillir les migrants sont eux aussi à mettre au bilan de ce quinquennat. L’impunité policière – contre laquelle nous avons manifesté par milliers dimanche dernier – s’est renforcée, ainsi que la répression contre les jeunes, les habitantEs des quartiers populaires et celles et ceux qui revendiquent.
La destruction écologique s’accentue, que ce soit avec l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ou avec la poursuite du nucléaire.
Et soufflent les vents mauvais...
Avec le fiasco de ces dernières années, en l’absence d’une opposition à gauche visible et audible, l’orage approche. À moins que...
D’abord la droite, ultra-réactionnaire, qui s’est certes engluée dans l’affaire Fillon, mais qui hélas n’a pas dit son dernier mot. Puis l’ancien banquier d’affaires, ancien argentier de Hollande – et toujours millionnaire – Macron, qui défend le « chacun pour soi » et souhaite approfondir la contre-révolution libérale qui détruit nos acquis sociaux.
Surfant sur le désespoir, Le FN, notre ennemi mortel, prétend défendre les classes populaires, mais son programme ne sert qu’au patronat et aux plus riches. Il stigmatise les chômeurEs, les réfugiéEs, les immigréEs, les musulmanEs… alors que plusieurs de ses membres sont mis en examen pour détournement de fonds publics, à hauteur d’un million d’euros. Un vrai parti « nanti-système » !
Construire nos résistances, défendre nos existences
Les mobilisations du printemps 2016 contre la loi travail, contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ou contre les violences policières ont été les plus visibles. Du cœur de ces luttes surgit l’exigence d’une autre politique au service du plus grand nombre. C’est à ces combats, à ces aspirations, que la candidature que nous portons dans cette élection présidentielle veut proposer une voix.
Tout nous le montre, il faut en finir avec la caste politique et économique qui nous dirige : à nous de prendre nos affaires en main pour pouvoir tout changer ! Aucun politicien ne nous sauvera : il est temps d’imposer notre point de vue, notre programme. Par notre action collective, nous pouvons défendre nos intérêts et changer le cours des choses. Dans mon entreprise automobile, la lutte est toujours d’actualité, et lundi dernier, premier jour officiel de campagne, j’étais un candidat gréviste au côté de mes camarades de travail afin de sauvegarder le site et les emplois.
Au-delà nous devons aussi construire un parti qui représente celles et ceux qui n’ont que leur travail pour vivre : un outil pour nos mobilisations quotidiennes, pour porter le projet d’une société débarrassée de l’exploitation et de toutes les oppressions.
Dans ces élections comme dans les luttes, porter la voix de notre camp social, défendre l’espoir qu’un autre monde reste possible.
Philippe Poutou