On ne s’en étonnera pas, le gros quart d’heure télévisuel qu’ont duré les vœux de Macron lundi soir n’a pas servi à grand-chose... Se vantant des « transformations » déjà réalisées comme la loi ferroviaire – bref, fier des reculs qu’il a réussi à nous imposer –, Macron n’a livré aucune annonce, si ce n’est l’engagement de continuer les attaques contre nos droits, notamment dans les domaines du secteur public, des retraites ou de l’assurance chômage. Des « promesses » dans ce dernier cas très vite suivies d’effets (et de faits)… puisqu’au lendemain des vœux macronistes on apprenait la publication au Journal officiel d’un décret durcissant les sanctions contre les chômeurEs et les privéEs d’emploi. Ainsi, la suspension des allocations chômage, essentiellement pour l’incapacité à justifier une recherche d’emploi, devient une suppression pure et simple ! « Une logique de justice », d’après Aurore Bergé, porte-parole des députés LREM...
Au-delà, le PDG de la République, certainement pour nous « parler vrai », a réussi l’exploit lundi soir de ne citer explicitement ni le profond mouvement des Gilets jaunes, une « colère […] contre les injustices » abominablement qualifiée de « foule haineuse », ni l’explosive affaire Benalla qui mine pourtant son pouvoir depuis juillet dernier… Les derniers soubresauts de ce feuilleton jettent une nouvelle fois un éclairage cruel sur la vieille pratique du pouvoir du « nouveau monde » et de ses relations douteuses avec ses hommes de main : l’ex-garde du corps-petite frappe affirme être en contact régulier avec le président, assurant aussi que ce sont bien les services de l’Élysée qui lui auraient restitué les fameux passeports diplomatiques qu’il avait rendus...
Si cette version s’avérait être la vérité, qui pour s’en étonner ? La vieille rengaine de « l’ordre républicain », dont Macron se faisait encore le chantre lors de ses vœux, n’est que l’écran de fumée d’un système fait par et pour les capitalistes et ceux qui les servent ; fort avec les faibles et faible avec les forts... Mais n’en déplaise à Macron qui pense que « le peuple est souverain » car « il s’exprime lors des élections », c’est aussi et surtout en se battant ensemble, dans la rue et dans nos lieux de travail, que celles et ceux d’en bas peuvent se faire entendre et faire reculer les Macron et Cie. C’est à eux – et avec eux – que nous formulons nos meilleurs vœux, de luttes et de victoires. En 2019, contre leurs mauvaises résolutions, opposons-leur nos bonnes révolutions !
Manu Bichindaritz