Au lendemain de l’Acte V des Gilets jaunes que les médias souhaitent bien vite enterrer, ces derniers se sont fait très rapidement les relais d’une autre colère, celle des « forces de l’ordre »… Lundi, le très réactionnaire syndicat policier Alliance appelait en effet à bloquer tous les commissariats à partir du mercredi 19 décembre, une journée qualifiée d’« Acte I » et de « journée noire pour la police ».
Alors que ce jeudi 20 décembre, l’Assemblée nationale devrait adopter le budget 2019 pour les forces de sécurité, les syndicats de policiers jugent, à l’unisson, ce budget « insuffisant », et réclament un « plan Marshall », pour financer notamment l’immobilier et l’équipement. Dans leurs revendications, on trouve aussi le paiement du stock important d’heures supplémentaires (chiffrées au total à 27 millions d’heures non payées ou récupérées), des créations de postes (notamment chez les CRS) et une loi d’orientation et de programmation pour la police nationale.
Ce ras-le-bol bleu marine repose sur une réalité : à ne jamais chercher de réponses politiques autres que celle de la matraque, ce pouvoir – comme les précédents – finit même par épuiser ceux qu’il emploie pour effectuer ses très basses besognes. Vous aviez aimé les deux années d’état d’urgence, qui ne protège de rien sauf des libertés publiques ? Vous aviez apprécié la « gestion » du dossier Notre-Dame-des-Landes, où déjà matraquages et gazages faisaient bon ménage ? Vous adorez le sens du dialogue de ce gouvernement qui veut écraser Gilets jaunes et jeunes dans un même geste répressif ? Eh bien, qu’on se le dise, c’est parti pour durer, et les flics eux-mêmes l’ont bien compris !
En dépit de la colère affichée, ils peuvent en effet compter sur la sollicitude et la bienveillance du pouvoir : alors que ce gouvernement a fait lanterner le mouvement des Gilets jaunes pendant plusieurs semaines avant de lui donner un semblant de réponse, il n’a fallu que quelques heures pour que le ministre de l’Intérieur, Castaner le castagneur, réponde positivement à la demande de rencontre des syndicats policiers, et les reçoive effectivement mardi soir. « C’est dans un esprit de dialogue et de confiance mutuelle que nous apporterons des réponses concrètes à nos forces de sécurité dont je sais la force de l’engagement. » Les cheminotEs, personnels de santé ou de l’éducation (pour ne citer qu’eux) apprécieront…
Manu Bichindaritz