On s’attendait aux trahisons du PS mais on avait sous-estimé leur ampleur. On s’attendait à une défaite du PS aux élections municipales, mais pas de cette envergure. Il s’agit en effet d’un véritable effondrement au profit de l’abstention, du Front national et surtout de la droite.
Les chiffres sont saisissants. Plus de 155 villes de plus de 9 000 habitants sont passées à droite, avec parmi elles des communes aussi significatives que Toulouse, Reims, Quimper ou Bobigny.Divisée par la multiplication des scandales et des accusations de détournements financiers, la droite était ravagée par des luttes de clans entre Sarkozy, Fillon, Copé ou Juppé. Mais malgré cela, elle a réussi à capitaliser en partie le ras-le-bol contre la politique de Hollande. Si celui-ci se manifeste en grande partie par l’abstention ou le vote Front national, il profite aussi à la droite institutionnelle.C’est le principe de « l’alternance » que l’on connaît bien : on vote contre le gouvernement en place, pour l’alternative la plus crédible sur le plan électoral et c’est d’ailleurs ainsi que la gauche avait gagné contre Sarkozy lors de la présidentielle en 2012. Mais c’est aussi ainsi que se trouve élu à Corbeil-Essonnes, avec 56 % des voix, le bras droit de Dassault, Jean-Pierre Bechter...
Tout un programme... de droite ou de « gauche » ?Dans les belles promesses de la droite, tout est mélangé : la baisse des impôts, la lutte contre l’austérité, la sécurité – avec plus de flics, de commissariats et de vidéo-surveillance –, l’aide aux familles et aux entreprises... Elle arrive presque à faire oublier ce qu’elle a fait au pouvoir pendant 10 ans, et laisse entendre qu’elle ferait de toute façon mieux que l’actuel gouvernement... « Il faut tracer un autre chemin politique », ose promettre Jean-François Copé alors que, sur le fond, PS et UMP ont, à quelques nuances près, la même politique : une orientation bien résumée par le Pacte de responsabilité.Dès lors, on assiste à un faux débat de fous : « pourquoi ne l’avez-vous pas fait quand vous étiez au gouvernement ? » version PS, ou « vous n’osez pas aller jusqu’au bout à cause de vos alliances avec la gauche de la gauche… » version UMP. Mais tous attendent le remaniement : soit au PS comme une nouvelle étape vers un renouveau mais qui continuera l’ancienne politique, soit à droite comme un aveu d’échec qui entraînera plus de discussions et d’accords avec l’actuelle opposition de droite. C’est ce que propose Copé qui souhaite explicitement que EÉLV quitte enfin le gouvernement.Dès lors, comment s’étonner du discrédit des « politiques », quand on voit les nombreuses affaires, quand on sait que Cahuzac était au PS et Bettencourt proche de l’UMP ? La vraie droite ne vaut rien, pas plus que la fausse gauche. Restent la vraie gauche anticapitaliste et les mobilisations de masse, comme celle du 12 avril qui apportera enfin un peu d’oxygène et des raisons de rien lâcher, d’espérer.
Georges Villetin