Jupiter-Macron fait bien les choses ! Du haut de son Olympe, il fait et défait les dieux et réussit un double coup : se construire une Assemblée nationale à sa botte et accélérer l’éclatement de la droite.
Ainsi sept présidents de commissions appartiennent au groupe LREM ou Modem, le huitième, celui de la commission des finances, revient de droit à l’opposition. Il a été attribué à Éric Woerth, à la satisfaction de l’ensemble des députés du groupe LR, « le meilleur d’entre eux » en la matière, puisque ministre des Finances sous Sarkozy, puis du Travail, et proche des affaires de la sarkozie !
Du rififi à l’Assemblée
La droite battue à une présidentielle gagnable, affaiblie aux législatives, a peut-être reçu le coup de grâce à l’Assemblée nationale. C’est sa division en plusieurs groupes parlementaires qui a acté son explosion. La création d’un nouveau groupe « les constructifs », formé de membres de l’UDI, de Républicains et d’Indépendants, a sérieusement ébranlé les députés LR qui ont déjà perdu une centaine de députés.
Le conflit a éclaté quand l’un des « constructifs », Thierry Solère, a obtenu un poste de questeur réservé normalement à l’opposition, contre Éric Ciotti (LR). Christian Jacob, président du groupe LR crie alors au scandale : « les droits de l’opposition ont été piétinés comme ils ne l’ont jamais été, aujourd’hui c’est Macron qui choisit son opposition, c’est un hold-up institutionnel. » Les trois questeurs ont un rôle non négligeable. Membres du bureau de l’Assemblée, ils gèrent l’intendance, soit l’organisation de la vie des députéEs, de leurs finances, voyages et réunions, supervisent les comptes et décident de suivre ou non les demandes de levée immunitaire.
Autant dire que les députéEs espèrent tous avoir des amis proches à la questure et que le Président la souhaite compatible avec ses propres intérêts. Avec Solère, Macron ne devrait pas avoir de souci. Avocat d’affaires, celui-ci a d’abord été le porte-parole de Fillon lors de la primaire, puis s’est rallié à Macron qui a eu l’élégance, entre gens du même monde, œuvrant pour les mêmes causes (!), de ne pas lui opposer un candidat LREM aux législatives...
Macron fossoyeur de la droite ?
En macronie, sur quels sujets la droite pourrait-elle se reconstruire ? En laminant les plus grands acquis du mouvement ouvrier, en faisant baisser de façon drastique le coût de la force de travail, la loi travail satisfait le vieil espoir des patrons et de la droite. Dans le même temps, la rigueur budgétaire annoncée va au-delà de leur espérance...
En effet, passer sous la barre fatidique de 3 % de dette publique réclamée par l’Allemagne et inscrite dans les traités européens, en faisant l’économie de 5 à 6 milliards de dépenses publiques comme l’a annoncé cyniquement Bruno Le Maire, le nouvel argentier, c’est ce que n’a jamais réussi aucun gouvernement ni de droite ni de gauche. Cela permettrait la quasi-liquidation de nombreux services publics tout en ouvrant un nouveau champ de profit aux entreprises privées. Enfin, l’intégration dans la loi et dans la Constitution de l’ensemble des règles d’exception de l’état d’urgence donnera au nouveau pouvoir les moyens autoritaires de sa politique antisociale, plus qu’aucun autre gouvernement de la 5e République.
Le projet Macron, c’est une économie et une politique de droite dure qui ne laissent entrevoir pour la droite traditionnelle que sa soumission « constructive » ou sa disparition.
Roseline Vachetta