Publié le Samedi 3 novembre 2012 à 20h53.

Droite française : Les grandes manœuvres ont commencé !

 

Quelques mois après la défaite électorale de l’UMP, la droite en France est en grand chantier. Fillon et Copé sont dans la course pour prendre la tête de l’UMP, Borloo avec la création de l’UDI (Union des démocrates et indépendants) prétend faire revivre un centre fort.Marine Le Pen est en embuscade.

Créée en 2002, l’UMP (Union pour un mouvement populaire) avait pour but d’être la maison unique de la droite rassemblant sur un compromis balladuriens, chiraquiens et centristes. Maison qui, sous Sarkozy, s’était déjà fissurée en silence, puisque ce dernier imposa une « droite libérale et autoritaire », une droite « décomplexée ». Tellement décomplexée qu’au début de la campagne présidentielle de 2012, elle se transforma en une droite extrême, dans la suite par exemple du discours anti-Roms de l’été 2010 à Grenoble. Une stratégie de droitisation extrême qui n’a pas été gagnante pour l’UMP, pour Sarkozy, et qui a ouvert une guerre de succession entre Fillon et Copé ravivant toutes les tensions internes qui s’étaient « tues » sous le règne de Sarkozy.
La guerre des droites relancée ?
Avec la création de l’UDI regroupant le Nouveau Centre, l’Alliance centriste, la Gauche moderne et la Force européenne démocrate, Borloo a mis fin au projet initial de l’UMP en réactivant les rivalités qui existaient entre l’UDF et le RPR.
L’ambition affichée de l’UDI est claire : devenir le « premier parti de France »… sans réellement affirmer de projet alternatif à l’UMP. Et pour cause. En excluant le Modem de son regroupement, l’UDI affirme son ancrage à droite et son « partenariat privilégié » avec l’UMP. Derrière cet éclatement de façade, les « centristes » et Borloo en tête peuvent ainsi préserver leur virginité politique et laisser ainsi l’UMP siphonner l’électorat FN. Mais sur le fond, l’UMP et l’UDI n’ont pas de divergences fondamentales.
Le FN aux aguets
La guerre de succession à la tête de l’UMP se joue sur la droitisation. Nous assistons donc depuis plusieurs semaines à une course à l’échalote entre les deux prétendants contre les sans-papiers, les Roms… Avec en arrière plan la question du rapport au FN. Car c’est évidemment cela qui hante la droite aujourd’hui. Comment siphonner l’électorat du FN, à l’image de ce que Sarkozy avait su faire en 2007 ? Et pour certains la question qui se pose est celle des alliances possibles ces prochains mois avec le FN, notamment dans la perspective des élections municipales de 2014.
Ce dernier, au vu de son succès électoral, n’est pourtant pas prêt à jouer le rôle de simple figurant. En se situant délibérément sur son terrain, en surfant sur les préjugés les plus immondes, les ténors de l’UMP oublient que l’original est souvent préféré à la copie. Et ce ne sont pas les manœuvres d’une droite centriste recomposée qui constitueront un quelconque rempart à ce danger.
Sandra Demarcq