Publié le Jeudi 22 novembre 2012 à 18h56.

EDITO : Zone de turbulence

Ayrault ne s’attendait pas au succès de la manifestation du samedi 17 novembre à Notre-Dame-des-Landes. Quand il a décidé le 16 octobre d’envoyer des centaines de gardes mobiles détruire les habitations et les cultures des occupantEs de la ZAD pour laisser le champ libre au bétonneur Vinci, il ne prévoyait pas le vaste mouvement de solidarité que cette action policière allait réveiller.Ce projet d’aéroport inutile et destructeur est en passe de devenir pour le Parti socialiste au pouvoir un véritable cauchemar. Bruno Le Roux, chef de file des députés du PS, peut continuer de s’aveugler et parler de « guérilla menée contre des décisions démocratiques » pour dénigrer la mobilisation, c’est aujourd’hui le gouvernement qui est dans l’embarras. Le formidable rassemblement militant et populaire a permis la réoccupation de la ZAD, comme il s’en était fixé l’objectif, grâce à la détermination et à l’auto-organisation des occupantEs et des habitantEs, grâce au soutien local, régional et national qu’ils ont reçu.Notre-Dame-des-Landes est devenu un problème politique pour le gouvernement et pas principalement parce que dans sa propre majorité, la couleuvre est un peu grosse à avaler pour Europe Écologie-les Verts. Plus substantiellement c’est le fond de sa politique qui y est mis à nu et refusé. D’abord, ce sont les faux semblants sur le terrain de l’écologie qui volent en éclats avec cet aéroport de trop qui détruit des terres agricoles et mise sur le développement du transport aérien alors la lutte contre le réchauffement climatique exige de le réduire. C’est aussi la complaisance à l’égard des multinationales, qui est résumée dans le fabuleux cadeau fait à Vinci. C’est encore le double langage sur la réduction des déficits qui est révélé au grand jour quand l’argent public est jeté par les fenêtres dans un partenariat public-privé qui comme toujours ne bénéficiera qu’au privé. La mobilisation a permis une première victoire. La majorité gouvernementale paierait au prix fort tout nouveau coup de force pour imposer la construction de l’aéroport. Radicale et unitaire, cette lutte peut imposer un recul à l’injustice sociale et l’irresponsabilité écologique.Christine Poupin