Jeudi 5 mai, le Conseil politique national du NPA a décidé que les conditions n’étaient pas réunies pour signer l’accord national de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes). Il faut dire que les différents échanges que nous avons eus avec l’Union populaire ont pointé des contradictions interrogeant l’objectif affirmé par le regroupement initié autour de la candidature de Jean-Luc Mélenchon…
Le 19 avril dernier, suite aux décisions du Conseil politique national réuni deux jours plus tôt, le NPA répondait positivement à la proposition de rencontre lancée par l’Union populaire en vue des prochaines législatives. Pour nous, l’enjeu était de voir si les conditions pouvaient être réunies pour « une campagne regroupant diverses forces et collectifs, et se situant clairement dans une démarche à la fois de résistance à l’extrême droite et aux politiques antisociales et de proposition d’une politique en rupture avec la gestion loyale du capitalisme ». Une des conditions politiques fixées étaient que celle-ci « devrait être menée en toute indépendance par rapport aux organisations de la gauche sociale-libérale, en particulier le Parti socialiste ».
Dans la continuité de ce premier courrier, nous avons donc rencontré une délégation de l’Union populaire le lendemain, première des cinq rencontres que nous avons eues durant deux semaines.
Quand le Parti socialiste s’invite
Alors que le courrier initial de l’Union populaire avait seulement été adressé au PCF, à EÉLV et au NPA, le vote du bureau national d’un PS, aux abois, en faveur de discussions avec l’UP, a rouvert la possibilité d’un accord incluant cette force marquée par le social-libéralisme. Finies les déclarations comme celle de Mathilde Panot quelques jours plus tôt affirmant « [qu’]il n’y aura pas de discussion avec le PS, et ce refus est définitif ». Un refus définitif devenu en deux semaines une standing ovation faite à Olivier Faure lors du lancement de la campagne de la Nupes samedi dernier...
En ce qui nous concerne, nous avons essayé de discuter, dans le cadre des rencontres de délégations, comment nous pensons contradictoires, d’une part, la volonté affirmée par l’UP (que nous partageons) de mettre sur pied des candidatures d’union assumant une rupture à gauche avec la gestion du système, le quinquennat Hollande en particulier, et, d’autre part, la présence du PS. Nous voyons bien comment la participation du PS à la Nupes est un élément de crise dans ce parti, avec de nombreux désaveux par les tenants du Hollandisme et même des démissions (dont certaines emblématiques comme celle de Bernard Cazeneuve). Pour autant, à cette étape, l’accord ne produit pas de fracturation en son sein, et c’est même celui-ci, par son poids institutionnel important pour qui veut construire une majorité, qui pèse sur le contenu de l’accord.
C’est ainsi que nous avons analysé les premières concessions faites dans le cadre de l’accord signé entre l’Union populaire et le PS sur la question de la retraite (dont plus personne ne comprend l’articulation entre le droit de partir à 60 ans, les 40 annuités, et une possible décote) ou sur la question européenne avec la question de la désobéissance aux traités posée en terme bien plus confus. Une brèche par ailleurs déjà ouverte par l’accord avec EÉLV.
Quand la forme éclaire le fond
Si nous avons accueilli défavorablement l’arrivée du PS dans des discussions menées de façon bilatérale par l’UP, nous n’avons pas voulu rompre les négociations, pour aller jusqu’au bout du processus afin de pouvoir nous positionner en toute clarté par rapport à trois éléments : la stratégie et le programme, sur lesquels nous avions trouvé des points d’accord suffisants, même si notre programme allait évidemment plus loin ; le périmètre, avec en particulier la possible participation du Parti socialiste ; la place laissée aux uns et autres, pour rendre compte de la diversité du regroupement et du respect de ses différentes composantes.
C’est sur cette dernière question que les choses ont aussi achoppé. Si les négociations avaient permis de garantir une indépendance organisationnelle nous permettant d’avoir notre propre expression, les propositions de l’UP concernant les possibles circonscriptions donnaient un éclairage assez cru sur les dynamiques politiques à l’œuvre autour de l’accord. En corollaire de la grande place politique qui lui est laissée dans l’accord, la sur-représentation du PS (70 circonscriptions au lieu des 31, selon la règle proportionnelle des résultats du 1er tour de l’élection présidentielle fixée par l’UP…) est à mettre en relation avec les propositions qui ont été faites au NPA : sans aucunement prendre en compte nos propositions (pourtant ouvertes) correspondant à nos lieux d’implantation, l’UP a mis sur la table cinq circonscriptions (et non les 13 qui auraient pu, à la proportionnelle, nous être proposées) qui, à l’exception d’une seule (par ailleurs pas gagnable, à Grenoble), ne correspondaient nullement à des lieux d’implantation du NPA… Sans même parler de l’impossibilité d’avoir une circonscription en Gironde.
Au total, il nous a donc semblé bien difficile de rejoindre cette Nupes, dont la dynamique actuelle contient des effets contradictoires, avec la remise en selle de courants portant une lourde responsabilité dans la faillite d’un espoir à gauche. Cela n’empêchera pas le NPA de mener campagne en soutien aux candidatures de rupture de la Nupes ou, si les conditions ne sont pas réunies, à des candidatures indépendantes.