Le Front national en nette progression dans les sondages et remportant deux, voire trois régions, tel est le fruit empoisonné de la campagne réactionnaire organisée par le gouvernement Hollande-Valls à la suite des odieux attentats du 13 novembre.
Si Hollande, en jouant les chefs de guerre, voit remonter, de 20 à 27 %, sa cote de popularité, c’est le Front national qui profite le plus de la situation. D’après les derniers sondages, il est donné gagnant dans deux régions, Picardie-Nord-Pas de Calais et PACA, et au coude à coude au second tour avec la droite en Bourgogne Franche-Comté et avec la droite et le PS en Normandie. Il dépasserait aussi les 20 % dans des régions où il est traditionnellement plus faible comme l’Aquitaine et la Bretagne.
Les fruits pourris du gouvernement
Le FN a beau avoir ses « affaires », malversations et autres, et des candidats parmi les 9 000 qu’il aligne qui affichent ouvertement leur crasse raciste, il progresse sans avoir rien à faire d’autre que de recueillir les fruits pourris de la politique ultra-réactionnaire du gouvernement.Quand Valls appelle « l’Europe à dire qu’elle ne peut plus accueillir autant de migrants », il donne raison au FN qui rajoute que lui-même dit cela depuis longtemps et qu’il faut fermer les frontières. Quand Cazeneuve indique que les perquisitions se poursuivront « sans trêve ni pause » et qu’il faut « privilégier (…) l’ouverture volontaire des portes », que donne-t-il comme mandat à ses policiers sinon une liberté d’intervention complète à l’égard de personnes qui sont suspectées pour le seul fait d’être musulmanes ou supposées telles ?La stigmatisation, la discrimination des musulmans et des populations d’origine étrangère, sont données en exemple par les sommets de l’État. Tout cela fait le miel de l’extrême droite.
Ils veulent étouffer le mécontentement
La pression s’exerce toujours plus à droite au nom de la guerre contre le terrorisme et des politiques sécuritaires.Tout est fait pour étouffer le mécontentement que provoque l’accentuation de l’offensive menée par le gouvernement pour le compte du patronat : code du travail, remise en cause des accords d’entreprises, des accords RTT comme à l’APHP, blocage ou baisse des salaires, licenciements avec des dizaines de milliers de suppressions de postes programmées dans la Santé, les collectivités territoriales, les banques… De quoi faire augmenter encore le nombre des chômeurs, cela après les 42 000 supplémentaires pour le seul mois d’octobre.Face à cette situation de crise profonde, le Front de gauche ne peut représenter une quelconque perspective. Ses listes à géométrie variable n’ont qu’une constante, le soutien au PS au deuxième tour, avec fusion des listes et participation à l’exécutif des régions. Une position cohérente avec le vote par les députés du Front de gauche de la prolongation de trois mois de l’état d’urgence.
Non à l’union nationale
Il y a besoin que le mécontentement, la colère, contre le gouvernement PS-Medef s’exprime, tant sur le terrain des luttes que sur le terrain électoral. Nous voulons porter une toute autre perspective, sur un terrain de classe, internationaliste, en rupture avec l’union nationale et les partis qui y participent.Nous voulons dénoncer les politiques guerrières qui soutiennent le pillage des richesses des peuples opprimés par les multinationales et qui engendrent le terrorisme.Il nous faut affirmer que « nos vies valent plus que leurs chemises » et que la seule « alternative à l’austérité », c’est la répartition du travail entre touTEs, l’augmentation des salaires, des pensions et des minima sociaux, la défense des services publics, l’annulation de la dette et le contrôle des travailleurs et de la population sur l’économie, les banques, la marche de la société.Les seules listes qui, au niveau national, se situent sur ce terrain sont les listes présentées par Lutte ouvrière. Aussi, quels que soient les désaccords que nous avons avec ces camarades, le NPA appelle à voter pour ces listes clairement dans le camp du monde du travail et en totale indépendance vis-à-vis des partis au pouvoir, nationalement ou localement.De façon plus générale, combattre la montée des idées réactionnaires, de la droite et du FN, implique de rassembler les forces du monde du travail et de la jeunesse pour mettre en échec le patronat et le gouvernement. Une politique indissociable d’une volonté de rassemblement des anticapitalistes et des révolutionnaires qui puisse être l’expression des intérêts des travailleurs, leur instrument pour prendre en main leurs propres luttes.
Galia Trépère