« Plus que deux nouveaux Premiers ministres et c’est Noël », ironisaient les réseaux sociaux ces derniers jours. Au rythme où la crise de régime s’approfondit, il faut en effet se dépêcher de dresser le portrait du dernier en date. Lecornu ou un autre, c’est du pareil au même ? Certes, la bande à Macron ne changera pas de cap sans qu’un véritable rapport de force ne l’y contraigne. Pourtant, Lecornu n’est pas Bayrou, et le symbole mérite qu’on s’y arrête.
Ce n’est pas le fait qu’il soit poursuivi en justice qui le distingue, tant la connivence et la corruption sont la norme dans notre République bourgeoise en lambeaux. Rien peut-être n’atteste mieux de la déliquescence des sphères dirigeantes que l’absence de scandale après la promotion comme chef de gouvernement d’un politicien sous le coup d’une enquête pour favoritisme et détournement de fonds publics.
Mais choisir le ministre des Armées n’est pas anodin. Macron ne gouverne plus seulement à coups de 49.3 et de matraques : il place à Matignon un homme qui incarne la militarisation et la brutalité coloniale, celui qui invite à dîner en catimini Marine Le Pen et Jordan Bardella.
Lecornu n’est en effet pas seulement un politicien de carrière opportuniste. Dans son département, c’est l’homme de la chasse aux allocataires du RSA, de la vidéosurveillance, des coupes dans les budgets sociaux et éducatifs.
Ministre des Outre-mer, il a envoyé blindés, RAID et GIGN contre la population en Martinique et en Guadeloupe. Le FLNKS le désigne comme « le ministre des colonies par excellence », qui a une grande responsabilité dans la montée des tensions en Kanaky et dans la rupture des accords de décolonisation.
L’homme de la répression à Notre-Dame-des-Landes et à Bure est aussi celui qui justifie les exportations d’armes françaises à l’État colonial israélien, en plein génocide.
Hostile au mariage pour toustes, proche de La Manif pour tous et de ses satellites, il incarne cette homophobie qui veut se faire passer pour le bon sens.
Et bien sûr, Lecornu est l’artisan de la nouvelle loi de programmation militaire : 413 milliards d’euros pour gaver les marchands d’armes et doubler le budget de l’armée d’ici 2030. Pendant qu’on ferme des lits d’hôpitaux, on finance Dassault.
La désignation de Lecornu porte un message clair : Macron nous fait la guerre. Mais vous connaissez la suite : on reste déter, pour bloquer le pays !