Dans cette rentrée de septembre 2012, ce livre d’Olivier est utile pour tous les anticapitalistes. Il livre des premiers éléments d’analyse et de réponse à la conjoncture politique ouverte par la victoire de Hollande et des socialistes, mais il va au-delà : au cœur de la crise pour défendre un programme anticapitaliste.On a voté et puis après ?, c’est le titre du bouquin. En effet, le départ de Sarkozy est une bonne chose, mais rien n’est réglé. Dans son livre écrit en juillet, Olivier anticipe les grandes lignes de la politique du gouvernement Hollande-Ayrault, une politique de « cohabitation » avec les marchés financiers corsetée par les règles du pacte budgétaire européen. Du coup, le gouvernement augmente à peine le smic, laisse faire des dizaines de milliers de licenciements, continue, au nom de la lutte conte les déficits, à réduire le nombre d’emplois publics. Cette politique a un nom : l’austérité.
Mais l’intérêt de la démonstration d’Olivier, c’est qu’il met en perspective cette politique d’austérité menée par les gouvernements de droite ou de gauche en Europe, avec les mécanismes fondamentaux de la crise actuelle du système capitaliste. Au-delà des crises bancaires, de la crise de la dette, de la spécificité de la crise européenne – avec les trajectoires divergentes de l’Allemagne, de la France et des autres pays d’Europe du sud – il y a la marche à la récession, à la baisse d’activité, à une double crise de surproduction et de sous-consommation dans les centres impérialistes, aux USA et en Europe. La crise est profonde. Nul ne s’avance à prévoir une issue. C’est comme si le capital s’accommodait de cette situation pour les années qui viennent, plus, comme s’il profitait de la crise pour réorganiser l’ensemble des rapports sociaux à son avantage en liquidant ce qui reste du « modèle social » en Europe.
Enfin, l’utilité du livre, c’est d’offrir des éléments de réponses tactiques et stratégiques. Sur le fond, une nouvelle fois, Olivier, rappelle que sans intervention massive, directe, combative de la « lutte de classes » sur la scène sociale et politique, les travailleurs ne pourront bloquer les politiques d’austérité capitaliste et inverser les tendances lourdes de la situation. Cela se concrétise, aujourd’hui par la proposition d’un « bloc social et politique » contre l’austérité autour de propositions concrètes : l’augmentation des salaires à 1 700 euros, une loi d’interdiction des licenciements, la défense des services publics, la défense des droits pour les immigrés. Ce « bloc » doit avoir une traduction dans la construction d’une « opposition de gauche » à la politique d’austérité gouvernementale. Il y a, là, une interpellation de toutes les forces sociales et politiques, en particulier du Front de Gauche, qui, d’un coté refuse le traité européen mais qui a voté le collectif budgétaire présenté par le gouvernement socialiste. Car il y a un véritable enjeu, à créer une large opposition de gauche unitaire au gouvernement, c’est de prendre en compte « la course de vitesse engagée entre l’extrême droite et la gauche de la gauche ».
La situation peut changer brusquement, les partis traditionnels s’effondrer, la décomposition sociale peut déboucher sur des poussées de l’extrême droite. La situation qui vient n’est pas un long fleuve tranquille. Des confrontations décisives sont à prévoir et à préparer.François Sabado