Publié le Vendredi 16 octobre 2015 à 13h38.

Europe Écologie-Les Verts : en voie d’extinction ?

Le parti EELV est dans une mauvaise passe. Chaque semaine ou presque, une ou plusieurs démissions sont annoncées... Côté finances, ce n’est pas mieux, et côté électoral, les régionales de décembre prochain n’annoncent pas vraiment une percée d’EELV. Pour beaucoup, EELV connaît une des pires crises de son histoire, mettant même à mal sa survie.

Les Verts, puis EELV, nous ont souvent habitués à des crises, des guéguerres de places et d’égo, mais la crise du moment semble être beaucoup plus sérieuse et risque de mettre un point final à cette organisation politique qui, depuis des années, connaît des départs de nombreux militantEs.

Ponctuée par les départs de sénateurs ou de députés, cette crise serait dues aux divergences par rapport au PS, au gouvernement. Mais ces divergences ne datent pas d’hier, en tout cas pour de nombreux militantEs. Elles ont démarré en 1997 au moment de la participation des écologistes au gouvernement de la « gauche plurielle » de Jospin et se sont aggravées avec leur participation au gouvernement Ayrault, où le projet écologiste et leurs revendications, en particulier sur la sortie du nucléaire, sont totalement passées à la trappe. Prêts à tous les compromissions, le départ des deux ministres écologistes au moment de la nomination de Valls a été pour certainEs un véritable point de rupture, inacceptable ! 

On resserre les rangs... Sans faire de bilans ?

Face à cette situation, EELV qui a réuni le week-end dernier son conseil fédéral, le premier depuis les départs de certains parlementaires, marque sa volonté de « tourner la page ». Pour la patronne des écologistes, Emmanuelle Cosse, cela ne serait qu'une crise « d’égos », et il faut désormais montrer « que nous sommes bien vivants ». Bref, rien ne s’est passé mais surtout aucun bilan est tiré sur la politique mené par les écologistes par rapport au PS et à leur participation au gouvernement.

Et que le PS se rassure, au second tour des régionales, les écologistes feront bien alliances avec lui. « La gauche et les écologistes doivent mobiliser leurs électorats respectifs et se donner les moyens de se rassembler au second tour », indique clairement partout Cécile Duflot.

Mais malgré l’optimisme affiché lors de son conseil fédéral, certains membres de la direction sont inquiets, très inquiets pour la suite, en particulier pour les présidentielles de 2017. En effet, les finances du parti sont au plus bas, des départs - en particulier de conseillers régionaux -, sont envisagés et la course aux 500 parrainages, dans ces conditions, sera plus difficile. C’est pour cela qu’un texte adopté à 68 % demande que les candidats aux régionales signent un « formulaire »... dans lequel ils s’engagent notamment à « apporter dans les meilleurs délais (leur) promesse de parrainages puis le parrainage lui-même ». La confiance règne ! 

Le vert est dans le fruit de la cohabitation

Après de nombreuses discussions et tractation, EELV a trouvé une solution (bancale) pour sauvegarder son groupe parlementaire - et les divers avantages qui vont avec - à l’Assemblée nationale, mais cela risque d’être plus compliqué pour le Sénat. En effet, à l’Assemblée nationale, le groupe aura une co-présidence assurée par Duflot qui représentera l’aile critique et Pompili (qui vient de quitter le parti !) qui représentera les « pro-gouvernement »... Pas sûr que cela aide les écologistes à gagner en lisibilité et en clarté.

En revanche, pour le Sénat, cela semble un peu plus compliqué. Placé, président du groupe et démissionnaire du parti, veut évidement conserver son poste (et les avantages médiatiques qui vont avec...), malgré son départ fin août pour rejoindre Écologistes ! Mais, pour le coup, le conseil fédéral d’EELV ne semble pas d’accord, puisqu’il a adopté une motion interdisant la présidence du groupe sénatorial à un non-membre du parti. La guerre semble donc déclarée... mais cela n’aura sans doute que peu de conséquences puisqu’au Sénat, il faut 10 sénateurs pour former un groupe et obtenir les avantages qui vont avec. Or, le groupe écologiste compte justement 10 représentantEs. Il suffit donc qu’un seul s’en aille et tout le groupe s’effondre. Placé a donc des cartes en mains.

Affaire - et crise - à suivre...

Sandra Demarcq