La campagne européenne s’engage au moment où le gouvernement franchit un nouveau seuil dans l’arrogance délibérée pour mettre en route une série d’attaques contre la population, cela sous les applaudissements de la droite et du patronat. Et sans rire, le PS plaide pour une « Europe sociale » alors que l’UMP se divise sous la pression du FN qui, goguenard, engrange les bénéfices de ce pitoyable spectacle...
«Votez pour l’Europe sociale » ou « L’austérité en Europe est une erreur » osent clamer les candidatEs du Parti socialiste. Qui pourrait être dupe d’une telle duplicité ? Déjà lors de la campagne pour le traité de Maastricht, le PS chantait la même chanson. À la fin des années 1990, les partis socialistes étaient largement majoritaires en Europe, et ils n’ont fait que ratifier des traités qui s’attaquaient aux populations, visant en particulier à démanteler les services publics aux acquis sociaux… Laurent Fabius est le parfait symbole de ce cynisme politicien, lui qui, en 2005, appelait à voter contre le TCE, le traité constitutionnel faisant de « la concurrence libre et non faussée » le fondement de leur Europe capitaliste et libérale.
Le débat politique sous pression du FNÀ droite, les uns et les autres s’agitent pour ne pas être emportés par le rejet de l’Union européenne sous la pression du FN. Laurent Wauquiez publie un livre intitulé Europe : il faut tout changer et multiplie les attaques contre l’Union européenne. Xavier Bertrand dénonce, lui aussi sans rire, « L’Europe Merkozy ». Henri Guaino a annoncé qu’il ne votera pas pour Alain Lamassoure, le candidat tête de liste de son parti, estimant que ce dernier incarne « l’Europe dont plus personne ne veut », dénonçant le choix d’un « europhile » convaincu. Entre le centre et le FN, l’UMP tangue... Car comme le PS, elle pourrait être victime de l’abstention de son électorat. Une partie même de celui-ci pourrait basculer vers le FN. Et ainsi, ces élections européennes pourraient voir converger différents électorats venant de la gauche et de la droite, écœurés par les contorsions du PS et de l’UMP, pour porter le FN en tête. Une telle situation accentuerait la crise politique de par le faible score du PS et le poids du FN, rendant difficile l’alternance à droite. Débouchera-t-elle sur un gouvernement de grande coalition ? Hollande y est de toute évidence prêt et y prépare sa majorité. À moins qu’une partie de la droite fasse le choix d’une alliance avec le FN. Rien ne permet de dire quelle combinaison pourrait l’emporter, mais les travailleurs, les classes populaires n’ont pas à redouter une telle accentuation de la crise. Ils doivent s’y préparer, se donner les moyens d’y jouer leur propre partition pour défendre leurs intérêts. Cette partition, c’est celle d’une politique de classe indépendante tant du PS et de l’UMP, les nationalistes pro-Europe, que du FN, les nationalistes souverainistes, chauvins et xénophobes qui prônent le retour au franc. Tous des professionnels de la politique au service du Medef et du patronat européen.
Prenons nos affaires en main !Il ne manquera pas d’esprits raisonnables pour expliquer que ce n’est pas le moment de se battre, car le danger du FN est là. Mais c’est bien l’inverse : la menace du FN croît proportionnellement à la passivité qui a gagné le monde du travail et ses organisations, dominées par la politique du patronat, incapable d’ouvrir une autre perspective. L’issue est dans les mobilisations, l’intervention directe des classes populaires pour bousculer ce petit monde, cynique et corrompu, des politiciens et prendre en main leurs affaires, celles de toute la société.C’est ce que le NPA dira dans cette campagne. Nous aurons peu de moyens pour nous faire entendre. Mais cela dépend aussi de notre capacité à nous mobiliser, à entraîner avec nous nos amiEs, nos camarades, nos proches, à créer une dynamique autour des listes que nous présentons dans cinq circonscriptions. L’enjeu est de taille et la passivité n’est pas permise. Nous ne pouvons sous-estimer la menace du FN. Cette menace ne peut se combattre que sur le terrain de l’action collective du monde du travail, de la population, pour défendre leurs droits et l’avenir de la société, la perspective internationaliste d’une autre Europe, celle des travailleurEs et des peuples.
Yvan Lemaitre