La journée avait bien mal commencé, avec la vidéo insupportable de Macron, mais les actions ont finalement été importantes en ce 1er Mai exceptionnel de confinement policier.
Macron a démarré la journée par une provocation : il a fait semblant d’être solidaire avec les travailleurs et travailleuses, qui fêtent le 1er Mai, alors que depuis des années les attaques de son gouvernement s’attaquent à nos droits et que les manifestations des deux dernières années avaient été marquées par une très forte répression policière. Mais la vidéo est surtout marquée par son incroyable mépris de la lutte de classe puisqu’il parle de ces 1er Mai « joyeux et chamailleurs », comme si les travailleuses et travailleurs qui luttent pour le droit faisaient des caprices d’enfants.
Répression sous confinement
Cette provocation verbale est d’autant plus inacceptable qu’elle s’est accompagnée de provocations physiques dans les rues aujourd’hui. À Montreuil, des dizaines de cars de police, des voltigeurs, ont nassé la brigade de solidarité populaire qui distribuait de la nourriture gratuitement. Les brigadistes ont écopé d’une amende de 135 euros, ainsi que ceux qui venaient chercher quelques fruits et légumes pour adoucir leur misère. Les manifestantEs venant des quartiers, avec slogans et banderoles, ont été contrôlés par la police. À Paris 20e, de dizaines de policiers ont refoulé les dizaines de personnes qui ont voulu se rendre à la manifestation et, dans le 18e arrondissement, les policiers ont là aussi encerclés les manifestantEs. Cette répression n’a pas empêché les gens de se rassembler et de manifester, comme à Grenoble, à Marseille, à Poitiers et dans d’autres villes de France, dans le respect des règles sanitaires.
Certes, ces manifestations et rassemblements étaient minoritaires, mais ils témoignaient de la volonté dans les villes et dans les quartiers de refuser cet état d’urgence qui est bien plus policier qu’il n’est sanitaire. Alors que tous ces rassemblements étaient interdits, le gouvernement va obliger des millions de travailleurs et de travailleuses à se retrouver dans des espaces confinés sans proposer des protections accessibles à touTEs. Ces rassemblements et manifestations d’aujourd’hui montraient la volonté de refuser cet état de fait.
Dans la rue, sur les balcons, sur les réseaux sociaux
À l’heure où Macron et Blanquer exigent le retour à l’école et au travail sans protection sérieuse, au mépris des dangers qui peuvent exister dans la promiscuité des ateliers et des classes, l'État réprime des rassemblements tranquilles, où les manifestants se tiennent à un mètre de distance les unEs des autres, avec masques et gants. Quelle hypocrisie !
Au-delà des rassemblements et des manifestations, ce sont des milliers de personnes, partout en France, qui ont montré leur colère contre Macron et son gouvernement à l’aide de banderoles accrochées aux fenêtres et aux balcons, de slogans et de chants scandés tout au long de la journée : « On est là », « Du fric pour l’hôpital public », « Macronavirus, à quand la fin ? » (en référence à ces jeunes de Toulouse qui subissent une répression pour une banderole accrochée devant leur domicile). La contestation était aussi visible en ligne, avec de nombreux messages et de de nombreuses vidéos postées sur les réseaux sociaux, pour faire entendre le refus de la politique gouvernementale, dangereuse et antisociale.
Il faudra reprendre la rue
Ce 1er mai se fait dans un contexte, celui d’un confinement extrêmement violent : les violences policières qui sont de plus en plus nombreuses d’abord sur les habitantEs des quartiers populaires, les violences intra-familiales, les gens qui crèvent de faim en sont les symptômes.
Si la violence et la répression du gouvernement ont été fortes aujourd’hui, cela ne doit pas nous aveugler sur le bilan positif de cette journée, qui a vu des initiatives importantes alors qu’il n’y avait que très peu d’appels syndicaux à agir. Il faudra reprendre la rue, nous n’avons rien à attendre de ce gouvernement. Si nous voulons obtenir des tests, des masques, des logements pour touTEs, il faudra descendre dans la rue, pour appuyer et renforcer les appels au droit de retrait. Il faut construire un rapport de forces. Le monde que propose Macron, c’est boulot, obligation de rester en famille et unité de la nation. Un triptyque qui nous rappelle une bien sombre époque.
Des dates de mobilisation commencent à se discuter, que ce soit le 11 mai ou le 14 mai, avec des mobilisations contre la reprise du travail autoritaire et sans protection. Dans les lieux de travail, dans les quartiers populaires, c’est l’occasion de préparer une riposte qui se fasse entendre dans la rue afin de défendre nos revendications. L’enjeu est de taille : si nous ne réagissons pas, le risque est que le monde voulu par Macron devienne une réalité.