Publié le Jeudi 7 juillet 2022 à 08h00.

Face à l’inflation, mobilisation !

Une bonne nouvelle ou plutôt beaucoup de bonnes nouvelles : de nombreuses luttes se construisent depuis plusieurs semaines autour, notamment, des revendications salariales.

 

Au moment où la guerre en Ukraine, la reprise de l’épidémie de Covid et les tractations pour la mise en place du nouveau gouvernement de régression sociale font les gros titres des grands médias, c’est avec difficulté que l’on peut faire un état des lieux des luttes qui se développent dans les entreprises.

De multiples secteurs en lutte

Déjà, en fin d’année 2021, des luttes sur les salaires avaient émergé dans des secteurs en marge de ceux traditionnellement mobilisés : chez Décathlon, Labeyrie, ou Leroy Merlin.

même si des luttes comme chez Marionnaud ou Chronodrive (31) restent hors des grands secteurs, c’est dans les branches plus traditionnelles qu’ont émergé, depuis, des mobilisations : Arkema (chimie), Air Liquide (chimie) en début d’année autour des NAO (négociations annuelles obligatoires), Aperam (sidérurgie, 71) pour gagner plus que les 3 % cédés en mars par la direction, Ratier Figeac (aéronautique, 46) pour 300 euros brut, Itron (métallurgie, 71) pour 200 euros brut, Pommier (métallurgie, 65, lire pages 8-9) pour des augmentations de salaires, Baomarc Automotive (métallurgie), 57 euros d’augmentation de la participation, Hager Bischwiller (métallurgie, 67), 3 % d’augmentation générale et six mois supplémentaire de prime de transport.

Ou encore chez celles et ceux de Capgemini (services numériques) mobiliséEs début juin, le mouvement chez TotalEnergie avec une mobilisation inédite de tous les secteurs du groupe, y compris chez des distributeurs de carburants, le 24 puis le 28 juin.

Ça bloque dans les transports

D’une façon plus générale, les transports voient se développer des luttes de l’ensemble d’un secteur. Le 27 juin c’était un appel à la grève lancé par l’intersyndicale (FO, CGT, CFDT, CFTC et CGC) chez les routiers.

À la SNCF, après la journée du 24 juin, une nouvelle mobilisation pour les salaires avait lieu le mercredi 6 juillet, partout en France, annoncent la CGT, Sud Rail et la CFDT.

Dans l’aérien, on constate également une multiplicité de mobilisations : RyanAir, EasyJet, et d’autres compagnies low cost sont parcourues par des grèves autour des salaires dans plusieurs pays d’Europe, dont la France. À l’aéroport de Roissy, après une grève le 9 juin, c’était une nouvelle journée de mobilisation le 1er juillet (lire pages 8-9), toujours autour d’une hausse de 300 euros des salaires, et toujours en intersyndicale.

À partir du 1er juillet, les organisations syndicales d’ADP appellent à la grève avec la mobilisation des salariéEs d’ADP mais aussi les pompiers aéronautiques, les salariéEs d’Air France, des sous-traitants, des entreprises de sûreté, du tri des bagages, du recyclage des chariots, du nettoyage, jusqu’aux conducteurs et conductrices de navettes. Les effets de l’inflation sont si forts qu’ils ont permis d’unir tout le personnel d’ADP, sous-traitants compris, quand auparavant les mouvements sociaux se faisaient entreprise par entreprise, sans coordination réelle.

Des convergences à construire

Ailleurs, c’est une manifestation locale qui, le 23 juin, à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) rassemblait des militantEs CGT de Nestlé, France Médias Monde, Dassault, Orange, Microsoft ou du cabinet de conseil Capgemini, entreprises situées sur le quai Roosevelt d’Issy-les-Moulineaux, dont les 22 sections syndicales CGT ont décidé d’un appel commun.

Les mobilisations sont centrées sur les salaires, avec des demandes d’augmentations générales, en rupture avec les propositions d’augmentation individuelles, de participation ou d’intéressement du patronat. Mais beaucoup d’entre elles débordent autour de questions des suppressions de postes, des restructurations et de leurs conséquences en matière d’emploi et de conditions de travail dont on enregistre une dégradation dans beaucoup de secteurs. Avec l’exemplaire lutte des PEI (nettoyage du Technocentre Renault Guyancourt) contre des réductions de salaires provoquées par des réductions d’occupation des locaux.

L’écrasement, la « professionnalisation » des IRP (institutions représentatives du personnel) pourrait bien avoir comme conséquence une augmentation des luttes « spontanées ». Malgré les timides injonctions du gouvernement, les employeurs ne concèdent des avancées que face à un rapport de forces important. Mais souvent la mobilisation est à la hauteur des refus rencontrés. C’est ainsi que plusieurs luttes se sont d’ores et déjà étalées sur plusieurs semaines, bien au delà de la traditionnelle période des NAO. Une mise à l’écart de ces NAO qui s’accompagne de pressions importantes des salariéEs eux-mêmes et elles-mêmes, qui en imposent aux organisations syndicales. Des organisations syndicales qui, notamment au niveau national, se contentent d’enregistrer une montée de la combativité mais repoussent à septembre toute initiative d’extension des luttes éparpillées, souvent isolées. Pourtant face à l’intransigeance patronale et, en particulier, autour de 130 branches dont les minimas de salaires sont en-dessous du SMIC, la généralisation des mobilisations est plus que jamais indispensable.