Lors de son interview du 14 juillet, le président Emmanuel Macron a été égal à lui-même : arrogant, méprisant, satisfait de ses politiques antisociales, et faisant montre d’une détermination à les poursuivre, confirmant ce à quoi nous assistons depuis les élections législatives au niveau du gouvernement comme du Parlement. Et pendant ce temps, la situation de millions de personnes s’aggrave, du fait de la hausse du coût de la vie, de la désagrégation des services publics et des conséquences du réchauffement climatique.
Symbole parmi d’autres de la suffisance de Macron lors de son interview du 14 juillet, la réédition de sa petite phrase provocatrice et méprisante disant qu’il suffirait de « traverser la rue » pour trouver un travail. ChacunE aura également pu apprécier avec quel aplomb Macron, mis en cause par les « Uber Leaks » qui ont démontré comment il avait mis les moyens de l’État au service d’une multinationale spécialisée dans la destruction du droit du travail, s’est non seulement défendu mais en a même rajouté une couche, sûr de lui-même et de son droit à faire primer les intérêts de quelques-uns sur l’intérêt collectif. Et que dire de sa tendance à l’auto-célébration permanente, qui l’a conduit à se comparer au dieu Vulcain, quelques années après s’être posé en « Jupiter ».
Un pouvoir arrogant et à l’offensive
Au-delà de l’interview, c’est une forme de gouvernance et un programme politique qui se sont une fois de plus exprimés, faits d’autoritarisme, de soutien à la classe dominante et de guerre sociale contre le camp des salariéEs et de la jeunesse. « Nous devons travailler plus et plus longtemps, il n’y a pas de doute », a ainsi affirmé Macron, confirmant son projet de contre-réforme des retraites. « Bien sûr, nous devons aller plus loin » sur la réforme de l’assurance chômage, a-t-il également déclaré, annonçant que, « dès cet été », il entendait avancer avec le gouvernement sur le « dossier du travail ». Soit une déclaration de guerre aux chômeurEs et aux précaires, déjà fortement touchés par la première phase de la contre-réforme de l’assurance chômage.
Des annonces de régression sociale accompagnée de promesses « poudre aux yeux » concernant la cherté de la vie, dont le caractère illusoire a été rapidement confirmé par les discussions à l’Assemblée nationale autour du projet de loi « pouvoir d’achat », durant lesquelles le gouvernement a fait la démonstration, sur le fond et sur la forme, qu’il refusait d’envisager toute forme d’augmentation de salaires, de diminution des impôts injustes, d’augmentation de la taxation des plus riches, se contenant d’agiter des formules et de promettre des primes, des chèques ou des dispositifs ponctuels dont le trait commun est qu’ils ne s’inscrivent pas dans la durée et ne s’attaquent pas aux racines du problème : la captation des richesses par une minorité de parasites alors qu’elles sont produites par la majorité de la population.
Des batailles à construire
Dans les débats parlementaires, les députéEs de la Nupes, et notamment celles et ceux de l’Union populaire, ont formulé un certain nombre de propositions de bon sens pour améliorer la vie quotidienne de millions de gens, qu’il s’agisse d’augmenter les salaires et les allocations, de taxer les richesses ou de bloquer les prix. Des propositions rejetées en bloc par le gouvernement et la droite, souvent avec la complicité du Rassemblement national, qui s’est par exemple opposé au blocage des loyers ou à l’augmentation du SMIC, confirmant qu’en plus d’être un parti raciste, autoritaire et xénophobe, il se situait dans le camp des plus riches et des capitalistes.
La « guérilla parlementaire » menée par l’Union populaire et certains de ses alliés peut jouer un rôle positif en ceci qu’elle donne à voir encore un peu plus la nature de classe du pouvoir macronien et de ses politiques, exclusivement au service des plus riches, mais aussi de l’extrême droite et de ses postures prétendument pro-monde du travail. Mais chaque jour qui passe nous montre qu’à part quelques amendements marginaux, rien ne pourra être obtenu à l’Assemblée nationale s’il ne s’exerce pas une forte pression populaire par des grèves et des manifestations.
Et c’est bien de cela dont nous devons discuter dans la gauche sociale et politique : comment faire face au rouleau compresseur macronien qui, en dépit de sa défaite aux législatives et de sa faible légitimité, entend poursuivre son œuvre de destruction sociale ? Comment préparer les batailles qui s’annoncent, sur les retraites, les services publics, les salaires, dans la perspective d’infliger des défaites sociales à Macron ? Comment reconstruire les outils nécessaires à la défense et à la mobilisation de notre classe, en ayant conscience qu’une véritable course de vitesse est engagée avec l’extrême droite ? Le NPA ne prétend pas avoir les réponses à toutes ces questions, mais estime nécessaire, aujourd’hui, de multiplier les discussions et les expériences communes en vue de la construction de ces indispensables luttes et de cette nécessaire gauche de combat. L’été sera l’occasion d’y travailler, et de se préparer à une rentrée sous le signe de la résistance… et de la contre-offensive.