Le 23 septembre est sans conteste un succès politique pour Mélenchon qui s’est ainsi installé durablement comme le premier opposant à Macron. Mais cela ne sera pas suffisant pour stopper ce gouvernement.
Qu’importe si les manifestantEs se dénombraient en dizaines de milliers (selon la préfecture de police) ou en une grosse centaine de milliers (selon les organisateurs). Au final, Mélenchon a plutôt réussi son coup politique le 23 septembre dernier, incarnant ainsi l’opposition politique au gouvernement. Le PS à l’agonie, le PC en panne d’orientation, les écologistes portés disparus, le FN en pleine crise, les Républicains en campagne interne… la place est vide et Mélenchon sait l’occuper. Et le gouvernement n’a pas tardé à réagir, par la voix de son porte-parole Castaner, qui a lancé une polémique sur les propos « indignes et déshonorants » de Mélenchon qui aurait soi-disant comparé le gouvernement et les nazis, opération de diversion menée par un gouvernement paniqué par la résistance naissante.
L’unité est un combat
L’interpellation des organisations politiques, en particulier celle du NPA à travers son porte-parole Olivier Besancenot, pour faire bataille commune contre Macron, a poussé La France insoumise à organiser une réunion unitaire le 19 septembre dernier. Cette réunion n’a abouti à rien de concret : comment aurait-il pu en être autrement quand tout est déjà organisé et quand on vous dit que personne d’autre que Mélenchon ne pourra prendre la parole ? Mais elle a prouvé que la recherche de l’unité n’était pas la préoccupation du seul NPA, et qu’elle était partagée par beaucoup.
C’est aussi ce que nous avons ressenti lors de la manifestation du 23, et nous n’avons pas été les seulEs. Mélenchon a dû développer un message rassembleur, invitant à « passer du chacun pour soi au tous ensemble », pour tenter de dégonfler la polémique sur la concurrence avec les syndicats. Il a demandé aux organisations syndicales de « prendre la tête de la mobilisation », appelé à rejoindre les cortèges syndicaux lors des prochaines mobilisations, et enjoint la jeunesse à « entrer dans l’action ». Il a aussi appelé à une nouvelle journée de mobilisation en octobre pour « rassembler plus d’un million de personnes sur les Champs-Élysées ». Derrière les organisations syndicales mais toujours grand initiateur : chassez le naturel, il revient au galop.
C’est dans la rue que ça se passe
Sans grande surprise, Mélenchon a également défendu, lors de son discours en fin de manifestation, la bataille institutionnelle qui, selon lui, « n’est pas finie », car les ordonnances vont repasser devant le Parlement. En effet, pour le leader de La France insoumise, la lutte contre les ordonnances n’est pas « qu’une bataille sociale, c’est une bataille démocratique ». Si l’on peut être d’accord pour dénoncer le caractère antidémocratique des ordonnances, force est de constater, une nouvelle fois, que le seul débouché réel proposé à toutes celles et ceux qui résistent, ce sont les urnes : « au bout de la rue, il y a les élections ». C’est évidemment une de nos divergences majeures avec Mélenchon.
Le gouvernement ne lâchera que s’il y a un grand mouvement de grève qui bloque l’économie, pas en raison de calculs électoraux. C’est ce mouvement que nous voulons construire dans les prochaines semaines pour empêcher le gouvernement de casser tous les acquis et droits sociaux du monde du travail, privé et public confondus. La défaite du parti de Macron aux élections sénatoriales est un révélateur supplémentaire de la faiblesse de l’exécutif et de son manque de légitimité. Mais cela ne signifie pas automatiquement une victoire pour nous. Pour cela, nous devons affirmer dans l’unité la plus large, par notre mobilisation, que nous voulons stopper cette politique, que nous refusons un monde qui fait la richesse des capitalistes et la pauvreté de l’immense majorité de la population. Chiche ?
Joséphine Simplon