Depuis les législatives, Mélenchon se positionne comme seul opposant politique contre Macron. Mais depuis son succès mitigé du 23 septembre dernier, son hégémonie a du plomb dans l’aile.
A priori tout semble bon pour Mélenchon et les députéEs de La France insoumise pour imposer l’ex-candidat à la présidentielle comme unique opposant à Macron. C’est ainsi qu’il tente depuis des mois de soumettre toute autre parole. C’est ainsi qu’il appela « les gens » à se rassembler autour de lui et de lui seul le 23 septembre contre le « coup d’État social » de Macron. C’est dans ce sens également qu’il appela à des « casserolades » et à une manifestation de « 1 million de personnes sur les Champs-Élysées ». Mais l’aspiration forte à l’unité et le bilan mitigé du 23 septembre, où le « déferlement » n’a pas eu lieu, a mis entre parenthèse l’initiative des Champs-Élysées. Sans oublier que depuis la rentrée parlementaire, le monopole de l’opposition politique est de nouveau contesté par des socialistes et des Républicains qui tentent de relever la tête.
Le retour des morts-vivants
Qu’importe leur discrédit, leurs divisions et leurs guéguerres internes : les deux anciens partis de gouvernement misent sur le temps long pour incarner une alternance crédible à Macron. Selon les socialistes, « être les meilleurs opposants, ce n’est pas forcément être les meilleurs résistants, mais les meilleurs "proposants" ». Ou encore : « Si nous représentons juste une opposition pavlovienne, Mélenchon criera toujours plus fort que nous. Or, le bruit et la fureur ne créent pas l’alternance. » Constat partagé par Les Républicains : « Notre rôle n’est pas d’exister et de faire un concours de grande gueule avec Mélenchon mais de représenter une opposition alternative au moment des élections. » Les socialistes comptent sur le débat budgétaire pour se faire de nouveau entendre en proposant un contre-budget et en tapant sur un budget pour les riches et favorisant les inégalités… terrain déjà occupé par les députéEs de La France insoumise. La droite, elle aussi, tente de retrouver de la voix mais ce n’est pas simple lorsque Macron met en place tout ce que Sarkozy n’a pas fait. Dès lors, la seule place qu’ils peuvent reprendre est celle du FN sur, notamment, les questions de sécurité.
C’est la rue qui gouverne !
Mélenchon et son groupe parlementaire jouent évidemment un rôle en s’opposant, à l’Assemblée nationale, aux députéEs d’En marche et aux représentants du gouvernement. Mais beaucoup moins en bataillant contre le drapeau européen dans l’hémicycle. Pour le NPA, le nécessaire rapport de forces contre ce gouvernement ne va pas se construire sur les bancs de l’Assemblée ou dans les prochaines échéances électorales, mais dans les lieux de travail, les quartiers et dans la rue. Et cela passe non pas par l’alignement derrière « un homme », mais par des cadres unitaires et démocratiques, localement et nationalement capables, y compris face à la soumission ou la passivité de beaucoup de directions syndicales, de préparer l’affrontement. Contrairement aux dirigeants de La France insoumise, nous pensons que si révolution il doit y avoir, elle ne se passera pas dans les urnes mais bel et bien dans la rue. Et depuis le 12 septembre, même si les difficultés sont réelles, c’est bien le monde du travail, actifs et inactifs, privé et public confondus, mobilisé contre la politique de ce gouvernement, qui est la véritable opposition capable de faire reculer Macron. Faisons en sorte qu’elle se fasse de plus en plus entendre.
Joséphine Simplon