Publié le Samedi 26 avril 2014 à 05h50.

Front de gauche : fin de non recevoir

À la suite de la lettre que nous avions adressée au Front de gauche et à Lutte ouvrière, une rencontre avec différentes composantes du Front de gauche (PCF, PG, Fase et PCOF) s’est donc tenue le mardi 15 avril.

Dans cette lettre, nous analysions le rapport de forces comme fortement dégradé pour le monde du travail. Le désaveu du gouvernement PS/Medef, le rejet des politiques d’austérité, le désespoir souvent engendré par l’aggravation du chômage et de la précarité, s’est traduit aux municipales par la montée des idées réactionnaires de la droite et de l’extrême droite en l’absence de riposte de masse des salariés. D’où l’importance de réussir le 12 avril comme première reprise de la rue et de l’initiative. D’où aussi la volonté du NPA d’être présent dans les élections européennes et le souhait de constituer des listes unitaires avec toutes les forces politiques qui veulent se situer en opposition au gouvernement, à la droite et à l’extrême droite. L’idée est de « rassembler contre les politiques européennes d’austérité, et pour une Europe de la solidarité et de la coopération entre les peuples », écrivions-nous. Lors de la rencontre, nos interlocuteurs ont jugé notre démarche « importante », porteuse d’un réel « espoir » : dans la situation marquée par la déroute du PS, la montée de la droite et de l’extrême droite, la mise en œuvre du Pacte de responsabilité et la nomination de Valls, il est urgent de réagir ensemble. Le succès du 12 avril qui a rassemblé des dizaines de milliers de manifestantEs est à mettre en lien avec l’accélération de la dégradation de la situation politique et sociale. Mais ce succès a aussi été rendu possible grâce au nombre important des forces associatives, syndicales et politiques qui appelait ensemble. L’aspiration à l’unité est donc forte.

Pas de débatLors de cette rencontre, nous avons dit qu’une démarche unitaire nous paraissait plus adaptée à l’échelle de ces échéances européennes qu’à celle des municipales où les composantes du Front de gauche avaient eu des positionnements différents, en particulier par rapport au Parti socialiste, et que nous pouvions partager des orientations proches concernant l’Europe que nous voulons. Nous avons énoncé les grandes lignes d’un programme européen d’urgence sociale et écologique, de solidarité, d’égalité des droits, autour desquelles nous aurions pu ouvrir le débat, mais les représentants du Front de gauche ont estimé notre démarche tardive car elle arrivait à la fin de trois mois de négociations internes sur leur programme, et que maintenant la campagne allait être lancée puisque le calendrier l’imposait : « Les délais ne sont pas un prétexte mais il faudrait du temps pour des discussions politiques sérieuses. » Le Front de gauche sera donc présent dans toutes les circonscriptions avec l’espoir « de bouleverser le rapport de forces derrière Tsipras, qui sera candidat à la présidence de la Commission européenne ». Ils nous ont dit rester disponible pour envisager des suites au 12 avril, des suites qui ne peuvent être une journée isolée, et ouvert pour des rencontres avant d’autres échéances électorales. Mais concrètement, pour les élections européennes, c’est non !

Roseline Vachetta et Pierre Baton