Le Parti communiste a tenu une conférence nationale le 20 juin dernier après avoir fait voter sur deux jours l’ensemble des militants et militantes communistes. Ils devaient se positionner sur trois décisions immédiates concernant la place du PCF dans la nouvelle majorité de gauche, leurs initiatives d’action, le gouvernement et l’avenir du Front de Gauche.C’est à une écrasante majorité que les 494 déléguéEs communistes réuniEs à La Mutualité ont décidé lors d’une conférence nationale sans grande surprise de refuser de participer au gouvernement Ayrault. Selon Pierre Laurent, « nous avons multiplié durant la campagne présidentielle les appels pour que soient prises en compte nos propositions. Mais la réponse a toujours été que les socialistes s’en tiendraient au seul projet présidentiel... Les conditions de notre participation ne sont donc pas réunies, mais nous restons disponibles ». Il n’y aura donc pas de ministres communistes à l’heure actuelle, mais cela ne veut pas dire pour autant que le PCF et plus globalement le Front de Gauche seront dans l’opposition au gouvernement Ayrault. Une position d’équilibriste difficilement lisible qui fait d’ores et déjà débat au sein du Front de Gauche, en particulier dans les deux principales composantes qui ne sont pas tout à fait sur la même longueur d’onde.
Le Parti de Gauche et son principal ténor Jean-Luc Mélenchon sont sur la ligne du « ni-ni » : « ni dans la majorité ni dans l’opposition, mais dans l’autonomie conquérante ». Martine Billard précise même « on n’est pas dans l’opposition comme l’UMP. On ne votera pas de motion de censure présentée par la droite contre le gouvernement ». Les communistes, quant à eux, estiment que cette ligne du « ni-ni » leur aurait même coûté des voix aux législatives, selon Ian Brossat. Pour eux donc, pas question d’être dans l’opposition. Ils veulent même être dans la majorité ayant contribué à la victoire de Hollande. Ainsi, André Chassaigne, futur président du groupe parlementaire autour du Front de Gauche et de cinq élus « d’outre-mer », se considère lui « davantage comme dans le cadre d’une majorité de gauche, voire d’une forme de solidarité parlementaire. » Bref, dans la future Assemblée nationale comme actuellement au Sénat, les élus communistes seront donc dans la majorité. Est-ce que cette solidarité parlementaire dont parle Chassaigne ira jusqu’à voter le discours de politique générale de Jean-Marc Ayrault ce jeudi et un peu plus tard le budget ? En tout cas, il n’apporte aucune réponse claire sur cette question, ce qui en dit long sur le flou savamment entretenu autour des positions des parlementaires du PCF.
Le point commun entre les diverses orientations existant au sein du Front de Gauche, c’est à l’évidence que la construction d’une opposition de gauche n’est pas au centre de leur démarche, quand elle n’est pas explicitement exclue. Jouant sur les mots, présentant l’opposition à Hollande-Ayrault comme étant l’apanage uniquement de l’UMP, le Front de Gauche laisse actuellement la voie libre au gouvernement. Pourtant les mesures d’austérité qui accompagneront très rapidement la prochaine loi de finances rectificative, ainsi évidemment que le premier budget discuté en fin d’année, laisseront peu de place aux atermoiements. Entre soutien au gouvernement et résistance à l’austérité de gauche, il faudra clairement choisir.