Publié le Dimanche 24 novembre 2013 à 21h22.

Front de gauche : manifester, oui mais pour faire quoi ?

Plus que jamais, les chemins de la lutte de classes sont escarpés, imprévisibles et non balisés.  Aujourd’hui, après la défaite sans combat sur les retraites, les événements qui donnent espoir à tous ceux et celles qui ne se résignent pas ont pour noms : manif de Quimper, mobilisations des lycéens contre les expulsions de Leonarda et Khatchik, luttes contre la réforme des rythmes scolaires.

Ces mobilisations rassemblent de fait une partie des luttes vitales des salariéEs et des jeunes : contre les licenciements et pour le droit à un emploi pour toutes et tous, contre le racisme et pour la régularisation de tous les sans-papiers, pour un vrai service public de l’éducation...

Rassembler les victimes de l’austéritéLe contexte est particulièrement complexe, notamment en Bretagne : à la manifestation de Quimper, les salariéEs en lutte ont disputé la rue à la droite, à la FDSEA, et à des militants d’extrême droite, sans le soutien de la plupart des syndicats qui préféraient avec le Front de gauche manifester à Carhaix ! Avec en prime, un Mélenchon plus arrogant que jamais, qui traitait les manifestants de Quimper de « nigauds » et d’« esclaves »... Nous avions choisi d’être présents à Quimper, avec les salariéEs de Gad, de Doux, de Marine Harvest ou de Tilly-Sabco.Avec eux, nous avons défendu et continuons à défendre le rassemblement de toutes celles et ceux qui sont frappéEs par des plans d’austérité qui détruisent les emplois, contre le règne de l’injustice fiscale et l’augmentation des impôts des salariéEs au SMIC sans toucher à ceux des patrons du CAC 40, contre les augmentations de TVA dès janvier, ainsi que contre l’écotaxe. Seul ce type de rassemblement est de nature à inverser le rapport de forces.Le NPA défend l’urgence et la nécessité de construire dans l’unité et la clarté une opposition globale à ce gouvernement « de gauche ». Cela signifie saisir chaque occasion de faire converger les luttes, de les unifier, d’occuper ensemble le terrain en toute indépendance. Cela exige de partir des situations réelles de mobilisations des salariés et en même temps défendre nos propositions. C’est aussi la raison de notre présence ce samedi 23 novembre aux manifestations départementales bretonnes.

Une manifestation des luttes pour construire une opposition politiqueL’annonce de Mélenchon d’appeler à Paris à « une marche pour la révolution fiscale, pour la taxation du capital et contre la hausse de la TVA au 1er janvier » s’inscrit dans cette situation. Cela pourrait être une manifestation politique clairement en opposition au gouvernement. Cependant, au lendemain des manifestations départementales bretonnes du 23 novembre à l’appel des syndicats et du 30 novembre à Carhaix à l’appel des Bonnets rouges, cette manifestation du 1er décembre suscite des questionnements légitimes.Cette proposition vise à capter le mécontentement populaire en faveur du FdG. Et si cette initiative est conçue comme un désaveu de celle des Bonnets rouges, elle est condamnée d’avance. Si elle ne vise pas à la convergence des luttes nécessaires contre les licenciements, contre la politique d’austérité du gouvernement, elle se résumera à un coup politique au service du FdG, voire un simple moyen pour eux de tenter de se réconcilier, après les tensions liées à la préparation des élections municipales.Au contraire, si elle devient une marche unitaire cherchant à rassembler dans le respect de toutes et tous, à prolonger les mobilisations en cours pour les étendre et les faire converger, elle pourrait devenir un moment important pour renforcer et amplifier les mobilisations, construire une mobilisation globale, sociale et politique : pour une fiscalité anticapitaliste, pour l’interdiction des licenciements, l’arrêt des politiques d’austérité, et la fin des expulsions d’enfants scolarisés.À un moment où les luttes contre l’ensemble des politiques mises en place par le gouvernement se développent, il nous semble indispensable que cette manifestation défende l’ensemble des luttes en cours et qu’elle soit unitaire. C’est le sens de la tribune publique de Christine Poupin, Philippe Poutou et Olivier Besancenot, « Marée rouge en décembre », publiée dans Libération mardi 19 novembre. C’est aussi le sens de la lettre que le NPA a envoyé aux organisations syndicales et politiques à la gauche des partis au gouvernement en vue de l’organisation d’une réunion unitaire ces prochains jours.

Roseline Vachetta