Le mardi 13 janvier devant l’Assemblée nationale, Valls, rendant hommage aux 17 victimes des attentats de Paris, a utilisé l’émotion et l’indignation pour justifier les interventions militaires dans lesquelles la France est engagée. Ovationné par des députés galvanisés par les accents de la Marseillaise, il a pris le ton martial : « la France est en guerre contre le terrorisme, l’islamisme radical »...
Selon le député UMP Pierre Lellouche, « Il est des coïncidences qui n’en sont pas », voyant sûrement la main de Dieu dans le fait qu’étaient prévus le même jour le débat et le vote autorisant le gouvernement à poursuivre l’intervention militaire française en Irak, l’opération Chammal. Celle-ci a été approuvée par 488 voix pour, 1 contre, et 13 abstentions des députés du Front de gauche... qui ont cependant salué le discours de Valls et se sont ralliés à l’union nationale en chantant la Marseillaise… Le reproche qu’ils font à l’intervention, c’est qu’elle ne s’accompagne pas de « réponses politiques » ! Mal à l’aise devant le discours de Valls, 42 députés socialistes n’ont pas pris part au scrutin. Quelle audace !Pourtant, il est évident que, loin d’éradiquer le terrorisme, les guerres menées sous la houlette des USA en sont une des causes.
Contre le terrorisme ou pour l’uranium ?« Nous devons agir là-bas pour nous protéger ici » a répété Valls, reprenant à son compte la maxime de Bush : combattre à l’extérieur pour ne pas avoir à combattre ici... Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a repris la même rhétorique de la « guerre globale contre la terreur », une « longue guerre » qui viendrait justifier les trois opérations militaires françaises (Mali, Centrafrique, Irak) ainsi que la mobilisation, ici, de 10 000 soldats.Il est évident que l’intervention au Mali n’a pas enrayé la progression de Boko Haram. Le Drian le reconnaît, parlant de la possible constitution d’un « nouveau califat en Afrique », justifiant une nouvelle intervention alors que les populations sont laissées sans moyens de se défendre. En fait, le gouvernement est surtout préoccupé de préserver l’ordre dans sa zone d’influence africaine, dans cette zone située au nord du Mali, tout près de la frontière du Niger, pour que le trust français Areva puisse continuer à exploiter les gisements d’uranium.
Le coût du militarismeLe lendemain du vote à l’Assemblée, Hollande était à bord du porte-avions Charles-de-Gaulle, le navire amiral de la flotte française qui a appareillé mardi de Toulon pour une mission de plusieurs mois accompagné d’une frégate de défense antiaérienne, d’un sous-marin nucléaire d’attaque et d’un pétrolier ravitailleur... Destination, le Golfe, ce qui permettra de « mener des opérations en Irak avec encore plus d’intensité et d’efficacité ». Là encore, les populations en particulier kurdes sont laissées sans moyens de se défendre, alors que les frappes n’apportent que des destructions et des victimes parmi la population civile, et sont inefficaces contre les djihadistes.Hollande a annoncé que, compte tenu de la « situation exceptionnelle » créée par les récents attentats, le « rythme de réduction » des effectifs de défense serait ralenti. Il n’y a pas d’argent pour les salaires ou les quartiers, mais il y a des milliards pour l’armée. Pour combattre le terrorisme ? Mais qui a semé cette barbarie partout dans le monde ?
L’enfant monstrueux des grandes puissancesLes milices djihadistes qui, en Irak et en Syrie, voudraient imposer leur dictature ne sont pas nées de rien. Ces bandes armées qui brandissent le drapeau de la religion pour embrigader les populations et fanatiser leurs troupes se sont développées sur les ruines, la misère, les souffrances produites par les guerres menées par les grandes puissances. Elle se nourrissent aussi des divisions religieuses entretenues par les représentants locaux de ces dernières afin d’y assurer leur pouvoir. Ces milices djihadistes sont les enfants monstrueux de dix années de guerre et d’occupation impérialistes. Elles ont été aussi financées, armées, par les alliés mêmes des grandes puissances occidentales, les États du Golfe, en particulier l’Arabie saoudite et le Qatar, pour combattre en Syrie. Les grandes puissances ne veulent nullement aider les populations, les classes populaires qu’elles craignent bien plus que les fanatiques religieux, cela au risque de perdre le contrôle de ces derniers qui se retournent contre elles.Aujourd’hui, le gouvernement déploie sa propagande pour obtenir notre accord, voire notre soutien à sa politique militariste, pour mieux nous plier à sa politique antiouvrière. Les guerres qu’il mène contre les peuples au nom de la lutte contre le terrorisme, qu’il a pour une part lui-même engendré, ne visent qu’à servir les intérêts des multinationales capitalistes, tout comme l’offensive qu’il mène contre nos droits.
Yvan Lemaitre