À peine 10 mois après son arrivée au pouvoir, Hollande et son gouvernement sont au plus bas dans les sondages. Pour y remédier, un tour de France de reconquête de l'électorat a commencé à Dijon la semaine dernière… tout en continuant la politique d'austérité et de régression sociale. Selon la garde rapprochée de Hollande, la descente aux enfers dans les sondages serait due à l'incompréhension de la politique mise en œuvre… Un tour de France d'explications, de contact avec la population a donc commencé la semaine dernière à Dijon, ville de son ami Rebsamen, afin d'inverser la courbe. Vu le mécontentement face au bilan des dix premiers mois, il n’est pas certain que les vertus de la pédagogie suffisent… Et le mécontentement et la colère populaire n'ont pas manqué de s'exprimer lors de cette première visite en région : un vrai fiasco ! La courbe de popularité de Hollande a très tôt basculé, au point de faire de lui le président le plus impopulaire de la Ve République. Sa cote dégringole en particulier auprès des ouvrierEs et des précaires, et dans les catégories classées les plus traditionnellement à gauche, comme les enseignantEs. Impopularité et mécontentement qui viennent aussi de se traduire dans les urnes, avec l'élimination de la candidate socialiste dès le premier tour de l'élection législative partielle de l'Oise, laissant l'UMP et le FN seuls au second tour… Un avertissement sérieux qui va bien au-delà de cette seule élection. Ca va donc mal pour un gouvernement aujourd'hui fragilisé par la démission obligée de Cahuzac, l'austère grand argentier rattrapé par ses affaires suisses...Tout pour eux, rien pour nous !L'impopularité de Hollande et plus généralement de ce gouvernement n'a rien d'étonnant. En effet, depuis près d'un an maintenant, il est allé de renoncement en renoncement vis-à-vis des « engagements de campagne » qui étaient déjà bien maigres. Pire, il n'a agi qu'en faveur du Medef et des plus riches, continuant et accélérant la politique de Sarkozy. Des exemples ? Cela ne manque pas : du recul devant les « pigeons » à l'accord national interprofessionnel, en passant par le vote d'un budget d'austérité qui pèsera lourd sur les services publics, à la chasse au Roms et au maintien des sans-papiers dans la précarité, jusqu'aux 20 milliards donnés au patronat, pardon, aux entreprises, au nom de la sacro-sainte compétitivité… Alors que peut dire Hollande à celles et ceux qui ont vraiment cru au changement, à la mise en place d'une politique un tant soit peu de gauche ? Que peut-il-dire face à la précarité et à l'explosion du chômage, quand aucune politique n'est mise en place pour lutter réellement contre ? Que peut-il dire face aux licenciements et fermetures de sites et d'entreprises, quand ce gouvernement recule face aux diktats des grands groupes et qu'il n'ose pas s'attaquer à la propriété privée en interdisant les licenciements ou en réduisant le temps de travail ? Que peut-il dire sur la justice sociale quand il est en train de préparer, main dans la main avec le patronat, une nouvelle réforme des retraites, qui sera sans aucun doute une nouvelle régression ? Qui sème la misère…Le monde du travail, les jeunes, les retraitéEs ou les immigréEs n'ont pas besoin d'une explication de la politique menée, car ils la subissent au quotidien. Face à la hargne de classe de ceux d'en haut, aux prétentions des marchés à diriger nos vies, il faut arrêter les concessions et au contraire s'y opposer frontalement en mettant en œuvre une politique réellement de gauche, rompant avec ce système, pour répondre aux besoins du plus grand nombre. Il faut arrêter de traiter les salariéEs, qui se battent pour garder leur emploi, comme des voyous et des criminels, en leur envoyant les forces de l'ordre, ou de cultiver la démagogie contre les secteurs les plus fragiles de la société, comme les récents propos de Valls contre les Roms. Face à ce gouvernement, au Medef, mais aussi à la droite et à l'extrême droite qui attendent leur heure, il faut construire une opposition de gauche à ce gouvernement social-libéral, une opposition qui agisse dans le sens de la convergence des luttes, de la préparation d’un mouvement d’ensemble, tout en traçant la perspective politique d’un gouvernement anti-austérité qui interdise les licenciements, répartisse le travail entre toutes et tous, garantisse un salaire décent, annule la dette et mette en place un monopole public bancaire. Sous la pression de la crise sociale et politique, la situation exige des réponses à cette hauteur. Il y a urgence. Sandra Demarcq