Publié le Lundi 24 avril 2017 à 14h52.

Hamon : Liquidé par sa politique et son parti

Avec 6,35 %, Benoît Hamon a réalisé le plus mauvais score d’un candidat du PS depuis Gaston Defferre en 1969 (5,01 %).

Son parti qui, il y a cinq ans, concentrait entre ses mains quasiment tous les pouvoirs, est aujourd’hui à terre. « Citoyennes, citoyens, réveillez-vous ! », avait-il affirmé la veille du 1er tour, se vantant d’avoir « remis la gauche sur son axe historique ». Seulement voilà, les dits « citoyens » étaient bien réveillés, et ne connaissent que trop cet axe historique de la gauche, celui du reniement, des promesses non tenues, des mensonges et d’une politique soumise aux patronat et aux banques. D’ailleurs, au même moment, Hollande, après Le Drian et Valls, préparait le ralliement du gouvernement à Macron...

Ancien ministre, Hamon aura tout fait pour tenter de faire oublier qu’il a été un « frondeur » favorable à toutes les interventions militaires du quinquennat, étant dans cette campagne le candidat le moins critique de la politique étrangère de François Hollande, saluant la récente frappe américaine en Syrie. Il a, durant sa propre campagne, commencé à renier ses propres promesses, faisant de son  revenu universel d’existence une simple prime d’activité améliorée... Et à peine a-t-il fait le douloureux constat, « J’ai échoué », qu’il a suivi Cambadélis et tous les autres pour appeler à voter Macron.

Sans rire, le faiseur de boniment parle maintenant de « campagne fondatrice » et de « graines semées pour l’avenir ». « La gauche n’est pas morte, je sais que vous n’attendez pas une “recomposition” d’appareils, les arrangements d’un vieux monde politicien épuisé par une 5e République elle-même à bout de souffle… Vous me l’avez dit : vous attendez une renaissance... » 

La fin d’une époque...

En attendant, les dirigeants du PS qui l’ont liquidé s’interrogent sur le seul sujet qui les préoccupe : comment utiliser les législatives pour avoir les moyens de négocier une place dans la future majorité présidentielle ou au moins jouer un rôle au Parlement ? « Des accords rose-rouge-vert aux législatives », « la refondation » de la gauche et du PS, une coalition rose-rouge-vert avec des écologistes et le PCF, « des configurations à géométrie variable dans toutes les circonscriptions », la « maison des progressistes » voulue par Valls... Tout leur semble possible... sauf apparemment un accord avec Mélenchon... À défaut d’avoir une autre politique que celle de Macron, la logique destructrice des ambitions et rivalités politiciennes poursuit son œuvre.

Alors que le PCF s’est lui-même liquidé en s’effaçant derrière Mélenchon, l’effondrement de Hamon signe la fin de cette gauche née au congrès d’Epinay, quand l’homme de droite qu’était Mitterrand avait fait une OPA sur la vieille SFIO moribonde pour soumettre le PCF à ses intérêts politiciens dans le cadre de l’Union de la gauche. Cette gauche vouée à la défense des intérêts de la bourgeoisie ne pouvait résister à la crise, et s’est elle-même liquidée pour se donner à un jeune arriviste apprenti bonaparte. 

Il ne manquera pas d’idées pour refonder cette gauche défunte. Nouvelles et vaines illusions, la tâche des militantEs du mouvement ouvrier, de la nouvelle génération en révolte contre le sombre avenir que lui fait entrevoir cette sinistre présidentielle, est de s’attacher à construire un parti pour la transformation révolutionnaire de la société, un parti des travailleurs. La perspective ouverte par notre campagne.

Yvan Lemaitre