Hamon a largement remporté la primaire socialiste avec 58,65 % des voix. L’ancien ministre de l’Éducation de Hollande a lancé sans attendre un appel au rassemblement des factions de son parti et de toute la gauche. Mais c’est pas gagné...
Au vu de son impopularité, Hollande n’avait même pas osé se présenter à la primaire. Et son ex-Premier ministre vient logiquement de se prendre une sacrée raclée ! Une nouvelle preuve du désaveu, par l’électorat socialiste même, de la politique antisociale et antidémocratique menée contre les salariéEs, comme l’avait illustré le passage en force de la loi travail mis en œuvre par Valls. Le candidat du pouvoir n’y retournera donc pas pour continuer la sale besogne, et personne ne va le pleurer.
Il a gagné... et puis après ?
Une nouvelle tâche s’offre au désormais candidat officiel du PS à l’élection présidentielle : « rassembler les socialistes car c’est ma famille », y compris donc les pro-Valls et les secteurs les plus droitiers du parti. Et même sans doute plus largement puisque dès dimanche soir, Hamon faisait au candidat d’EÉLV, Jadot, et à celui de la France insoumise, Mélenchon, la proposition de construire ensemble une « majorité gouvernementale cohérente »… Il a bien compris qu’il y avait trop de candidats à gauche pour espérer sortir de la nasse.
Le candidat élu à la primaire écologiste (dont la candidature est affaiblie par le choix de la primaire) a réagi dès lundi matin, invitant Hamon « à s’émanciper d’un Parti socialiste qui n’a jamais fait sa conversion écologiste ». Il s’est aussi interrogé sur le terme de « cohérence » employé par Hamon mais sans fermer totalement la porte en indiquant : « Est-ce que Benoît Hamon va faire le nouveau François Hollande de la synthèse ? Ou est-ce qu’il est prêt avec nous à la grande aventure, à la grande aventure écologique et sociale ? »
La partie s’annonce plus compliquée avec Mélenchon qui n’entend aucunement laisser la place, même de candidat, à son ancien collègue socialiste. Comme l’indique son directeur de campagne, « si on avait eu l’intention de rallier le vainqueur du PS, on aurait participé à la primaire ». Mais sans doute que Mélenchon pourrait se laisser convaincre si Hamon passe le 1er tour, indiquant : « Que pour désigner son candidat, le PS ait préféré nos mots à ceux de son propre gouvernement, est un fait qui donnera ses fruits le moment venu »... Le suspense est insoutenable.
Synthèse impossible ?
Le principal défi de Hamon reste de rassembler « sa famille »... et d’éviter qu’une partie des élus socialistes rejoigne Macron. Avant même le vote du second tour, à l’initiative du député européen Gilles Savary, une tribune dont le sens politique était de se rallier à la candidature Macron était mise en circulation parmi les parlementaires socialistes (tribune finalement publiée par le Monde mardi matin). Et dès dimanche soir, Macron enregistrait ses premiers ralliements. Réunis mardi matin, seize députés et un sénateur, des néo-« Frondeurs » anti-Hamon qui composent le Pôle des Réformateurs du Parti socialiste, n’excluaient pas d’utiliser leur « droit de retrait » et de ne pas participer à la campagne officielle du PS si le candidat choisi lors de la primaire ne propose pas ces prochaines semaines « les éléments pour nous rassembler »...
Dans le même sens, Hamon est aussi sous la pression de Cazeneuve rencontré lundi. Vainqueur au point, mais perdant sur le programme ? La suite le dira. Valls est, lui, en embuscade, et sera candidat aux législatives. Avec pour tout ce petit monde un unique objectif... le prochain congrès du PS. Les couteaux sont sortis... Ils ne sont pas prêts d’être rangés !
Sandra Demarcq