Publié le Vendredi 28 juillet 2017 à 07h03.

Hégémonie ou unité ? Jean-Luc Mélenchon : « Venez, les gens »

Le 17 juillet sur TF1, Mélenchon a annoncé que La France insoumise organisait une montée nationale à Paris le 23 septembre contre les ordonnances et « le coup d’État social » et a appelé « les gens » à la rejoindre.

À l’évidence, il va falloir dans les semaines et les mois qui viennent faire feu de tout bois et créer le rapport de forces maximal contre Macron et son gouvernement, non seulement contre les ordonnances, la loi travail et toute la casse sociale, mais aussi contre l’ensemble de la politique réactionnaire de ce gouvernement avec l’état d’urgence pérennisé, les violences policières, la chasse aux migrantEs et l’accentuation des interventions impérialistes. La question se posait dès l’élection de Macron dont chacun connaissait le programme dévastateur, et il faudra malheureusement attendre le 12 septembre pour qu’ait lieu la première mobilisation nationale avec appel à la grève par la CGT et Solidaires.

Un rapport de forces à construire

Heureusement, dès le 7 mai, et notamment le 19 juin dans de nombreuses villes, des manifestations locales ont eu lieu avec des appels unitaires autour de collectifs du Front social, de Solidaires et de nombreux rassemblements syndicaux et politiques, tout comme la manifestation du 14 juillet à Paris. Le NPA y a pris sa part. De même, un large appel unitaire « Pour nos droits sociaux »  autour de Copernic a été largement signé et appelle à un rassemblement unitaire le 9 septembre à Paris.

La question est donc bien de construire ce rapport de forces, de créer un rassemblement de tout le mouvement ouvrier, syndicats, associations, partis contre la succession d’attaques programmées, contre un gouvernement réactionnaire qui promet d’en faire plus que Sarkozy et Hollande réunis, avec la morgue que lui donne la crise de la droite et de la social-démocratie. Il va falloir construire un affrontement social et politique qui dépasse en puissance ce que nous avons pu faire contre la loi El Khomri en 2016. 

Un seul chef, une seule ligne ? 

À écouter et à lire Mélenchon, « les syndicats organisent les travailleurEs dans l’entreprise et appellent au 12 septembre », tandis qu’il représenterait, à lui tout seul, l’opposition politique de gauche, le seul combattant politique contre Macron, et son rôle serait d’appeler « les gens » à se rassembler autour de lui. Finalement, il utilise la même méthode vis-à-vis de l’ensemble du mouvement social, des militants  et des forces politiques que celle qu’il utilise au sein de La France insoumise : Mélenchon est le chef et les autres, « les volontaires » dans la FI ou « les gens » dans l’ensemble du pays, doivent se rassembler derrière lui quand il le décide, où il le décide.

Mélenchon et son groupe parlementaire jouent évidemment un rôle en s’opposant à l’Assemblée nationale aux députés d’En marche et aux représentants du gouvernement. En cela, ils reçoivent un écho médiatique important. Et il est certain que pour l’élection présidentielle comme pour les législatives, sur le plan électoral, lui et son mouvement ont rassemblé une bonne partie des électeurEs qui voulaient marquer leur opposition aux politiques d’austérité. Mais le rapport de forces contre ce gouvernement ne va pas se construire sur les bancs de l’Assemblée mais dans les lieux de travail, les quartiers et dans la rue.

Contre les tentations hégémoniques : l’unité 

Mélenchon et le groupe qui est autour de lui veulent-il réellement construire ce rapport de forces politique et social, aider à ce que se rassemblent toutes les forces militantes nationalement et localement pour s’opposer à Macron et à sa politique ou veulent-ils seulement occuper l’espace, faire une démonstration visant à préparer d’autres échéances électorales ? 

Car la construction de ce rapport de forces ne se fera pas par un rassemblement autour d’un leader autoproclamé de l’opposition politique. Cela passe et passera par la construction de cadres unitaires et démocratiques, localement et nationalement capables, y compris face à la soumission ou la passivité de beaucoup de directions syndicales, de préparer l’affrontement nécessaire. Ces cadres se construisent et localement, le NPA, avec d’autres, s’attelle à leur construction. D’ailleurs, des militantEs se réclamant de Mélenchon et de la FI y participent sans prétendre y imposer un rôle hégémonique. Il serait bon que leurs dirigeants nationaux en fassent de même.

Léon Crémieux