Les militantEs du Parti socialiste ont voté. Sans surprise, la motion soutenue par Cambadelis, Aubry et Valls, est arrivée en tête, suivie de celle des « frondeurs » qui reste sous la barre des 30 %. Cambadélis s’assure ainsi une légitimité pour être élu premier secrétaire et mettre en branle le parti pour la présidentielle de 2017... avec d’ores et déjà un candidat sur la ligne de départ : François Hollande !
Seulement 70 000 adhérentEs socialistes se sont déplacés ce 21 mai, pour la consultation exigée par l’aile gauche du PS, les « frondeurs » et les Aubristes. C’est donc la motion-synthèse d’avant-congrès, soutenant le gouvernement et sa politique en faveur du Medef qui arrive nettement en tête, alors que la ligne du principal protagoniste de cette orientation, Valls, était il n’y a pas si longtemps minoritaire dans le parti. L’opposition à cette orientation qui aurait pu être incarné par la motion des « frondeurs » qui réclamaient haut et fort une « inflexion » à gauche de la part de ce gouvernement a fait pschitt, ne dépassant même pas la barre des 30 %.
Une majorité pour quelle orientation ?
Dès les résultats connus, Cambadélis s’est félicité que « la contestation de François Hollande dans le Parti socialiste est éteinte »... Ce à quoi Christian Paul, le porte-parole des frondeurs, a répondu fièrement : « La flamme n’est pas éteinte. Mais ce n’est pas une flamme de contestation, c’est une flamme de propositions ». En tout cas, ça ne semble pas être une flamme d’opposition... mais cela, on le savait déjà au vu des faits d’armes de ces pseudo-« frondeurs ».
Cambadelis a donc réussi son pari : rassembler et faire taire les critiques, en particulier celle de Martine Aubry. Mais pour quelle orientation ? Car évidemment, au vu des résultats tout le monde peut tirer ses propres conclusions. Pour Hamon, « Un militant sur trois s’est reconnu dans une orientation qui demande une inflexion de la politique du gouvernement. (…) Il y a une puissante aspiration à ce que le Parti socialiste retrouve son centre de gravité. » À l’opposé, les proches de Valls y voient un « encouragement à mener les réformes dont le pays a besoin ». Et Hollande lui-même de se féliciter de la « stabilité » et de la « cohérence ».
Bref tout le monde est content. Dans les faits, la motion majoritaire avait dès le départ des airs de fusion technique, amalgamant autour du même texte le social-libéralisme de Aubry et le libéralisme de Macron... mais pour une même politique : celle du patronat et des entreprises, avec ou sans morceaux de social dedans.
Pour 2017, la route est droite mais...
Prévoyant les résultats de cette consultation qui n’auront été en aucun cas une surprise, Hollande a d’ores et déjà revêtu son habit de candidat lors de son discours de Carcassonne la semaine dernière. Faux candide mais vrai responsable, comme s’il n’était pas celui qui, au pouvoir depuis trois ans, mène cette politique qui aggrave les inégalités, le chômage, et qui donne toujours plus aux plus riches.
Benoîtement, il nous refait le coup du « candidat de gauche », « fidèle à ses engagements » de 2012. « Depuis trois ans, j’ai fait des choix, tout pour l’emploi, tout pour la jeunesse, tout pour l’avenir. (...) Ma responsabilité, c’était d’agir et de changer. J’ai fait des choix conformes à l’intérêt national, conforme aussi à ce que j’avais dit pendant la campagne (de 2012) et cohérent par rapport aux objectifs fixés ». La majorité donnée à Cambadélis conforte sans aucun doute l’exécutif et Hollande qui peut donc, au moins de ce côté-là, se sentir pousser des ailes pour 2017. Mais c’est oublier bien vite les échecs électoraux depuis trois ans, le désaveu du monde du travail, son divorce avec cette gauche qui n’en est plus une...
Vite, une opposition de la gauche sociale et politique !
Le congrès du Parti socialiste qui se tient fin de semaine prochaine va donc confirmer ce que l’on sait déjà : un parti rassemblé, défendant mordicus la politique du gouvernement et se préparant à soutenir Hollande comme candidat en 2017. Sans réels enjeux, ce congrès accentue la transformation du PS en parti libéral, démocrate à la mode européenne.
Tout cela confirme la nécessité de construire, ici et maintenant, des cadres de résistance, regroupant militantEs et organisations de la gauche sociale et politique, une opposition à ce gouvernement pour l’action et pour travailler à la perspective d’une alternative de transformation sociale. Et pas en 2017 !
Sandra Demarcq