Publié le Lundi 1 février 2016 à 12h18.

Hollande et les parlementaires, le grand jeu !

Vendredi 22 janvier, François Hollande recevait les chefs des partis représentés au Parlement pour entendre leurs avis sur la réforme constitutionnelle, la prorogation de l’état d’urgence et le projet de loi pénale.

Au travers de ces entretiens, l’objectif annoncé par le chef de l’État était que « le texte rassemble le plus largement possible ». Il souhaitait aussi rassurer après les propos d’un Valls qui affirmait que l’état d’urgence serait maintenu tant que la menace de Daesh existerait et tant que celui-ci ne serait pas détruit. C’est sans doute la vérité sur ce que prépare le gouvernement, mais ce n’est pas la communication dont rêve Hollande au moment où il doit s’assurer que les trois cinquièmes des parlementaires approuveront les modifications constitutionnelles, la prolongation de l’état d’urgence puis la nouvelle loi pénale ! Celle-ci devrait permettre d’inclure dans le droit commun des mesures prises seulement quand l’état d’urgence est déclaré, comme les perquisitions administratives de jour comme de nuit ou l’assignation à résidence pour les personnes « au comportement suspect ».

Pour la droite, toujours plus !

Sans surprise et tous courants confondus, la droite fait de la surenchère. Sarkozy a assuré François Hollande de son soutien... en rajoutant ses conditions : la possibilité administrative d’assigner à résidence les individus « réputés dangereux ». Le patron de l’UDI Jean-Christophe Lagarde exige lui que la déchéance de nationalité s’applique à tous les Français, et pas seulement aux binationaux. Peu lui importe apparemment la création d’apatrides, la création d’exclus de nationalité qui seraient ainsi « privés du droit d’avoir des droits ». D’autres à droite encore veulent que la déchéance de nationalité pour les binationaux s’applique aussi quand ils sont auteurs de crimes et de délits, même s’ils n’ont aucun lien avec le terrorisme.

Nous disions que décider de la déchéance de nationalité pour les binationaux, c’est-à-dire d’aller sur le terrain de l’extrême droite et de la droite, ouvrirait un boulevard à la suppression de droits, à la discrimination, à la division, à la montée de la défiance et du racisme. Nous y sommes.

Au PS, à droite toute !

Le patron du PS Cambadélis a déclaré qu’il était favorable à la constitutionnalité de l’état d’urgence, à sa prolongation de trois mois, ainsi qu’à la déchéance de nationalité pour les binationaux convaincus d’actes terroristes. Tout cela en affirmant qu’il ne fallait pas faire de différences entre les Français (!) ni créer d’apatrides...Majoritairement, les parlementaires socialistes suivront leur dirigeant, mais il est possible que certains s’y opposent, comme ils l’ont annoncé notamment à Mediapart.

Pour EELV et le Front de gauche, ce sera Non !

La pression d’une partie de leurs adhérents qui militent pour la levée de l’état d’urgence dans différents collectifs, les multiples bavures dans l’application actuelle de cet état d’urgence, le sentiment que cette fois le gouvernement va trop loin en créant la déchéance de nationalité pour les binationaux... tous ces faits ont dû peser sur ces prises de décision positives...Pour notre part, nous ne nous résignerons jamais à vivre dans un État d’exception, qui conduit de plus une politique raciste. Cela veut dire dans l’immédiat réussir les manifestations de ce samedi 30 janvier pour la levée de l’état d’urgence.

Roseline Vachetta