Alors que François Hollande s’est engagé à ne se pas représenter en 2017 pour un second mandat présidentiel en cas d’échec dans la lutte contre le chômage, celui-ci ne cesse d’augmenter. Pour tenter de sauver la mise au soldat Hollande, le gouvernement multiplie les tentatives d’en faire baisser les chiffres à défaut de le réduire réellement.
Hollande manque d’imagination... ou de soutien politique. Annoncé depuis des semaines, accéléré par le départ de Laurent Fabius pour la présidence du Conseil constitutionnel, le remaniement ressemble à ces mauvaises plaisanteries qu’affectionne tant, paraît-il, Hollande. Il nous ressort le prédécesseur de Manuel Valls à Matignon, Jean-Marc Ayrault, comme aux premiers jours, et débauche trois écologistes, dont Emmanuelle Cosse que son arrivisme sans retenue conduit à bafouer le parti dont elle était jusque- là secrétaire, au risque de le liquider.
Hollande se vante de la parité au sein de son nouveau gouvernement. Étrange parité où les femmes sont dans les seconds rôles, quand ce n’est pas dans des rôles de pure forme comme ces secrétariats d’État de l’Aide aux victimes... ou pour l’Égalité réelle ! Avec en prime une innovation qui n’est pas une maladresse mais un geste politique : un ministère de la Famille, de l’Enfance et des Droits des femmes. Les droits des femmes, entre cuisine, enfants, ménage et chiffons…
Pendant les basses manœuvres...
Dans le même temps qu’il retrouve Ayrault, farouche partisan de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, et qu’il invite trois écologistes censés y être hostiles, Hollande sort de son chapeau un référendum local sur la question d’ici le mois d’octobre. Porte de sortie pour le gouvernement, deal avec les écolos, ou simple manœuvre qui consiste à dresser les gens les uns contre les autres en se disant que le pouvoir s’en sortira sans avoir à trancher…En réalité, il s’agit d’un élément de crise supplémentaire dont ce gouvernement ne pourra sortir indemne. Tous les éléments sont en place pour un nouveau psychodrame dont l’objectif est bien d’imposer la construction de l’aéroport, dont les premiers travaux sont annoncés en octobre.
L’offensive réactionnaire continue
Cela dit, cette mauvaise cuisine politicienne a une cohérence dont Hollande se revendique pleinement et qu’il entend, il l’a dit et redit, mener « jusqu’au bout » : une offensive réactionnaire tous azimuts pour le compte des classes dominantes. Ce sont la déchéance de nationalité et la constitutionnalisation de l’état d’urgence permanent qu’il a réussi à faire passer à l’Assemblée nationale. Probablement finiront-elles aussi par passer au Sénat, mais Valls a dû aller chercher sa majorité du côté de Sarkozy… La sienne s’effrite.Cette offensive politique ne vise nullement Daesh et le terrorisme, mais les travailleurs et la population. Il s’agit d’intimider, de faire peur pour étouffer le mécontentement, l’empêcher de s’exprimer face aux nouvelles attaques : une réforme du code du travail, « trop lourd et compliqué », « souplesse pour les entreprises et plus de sécurité pour les salariés », la flexi-sécurité... c’est-à-dire la précarité pour tous !
Et Hollande prévoit que la loi généralise la possibilité de référendums d’entreprise pour aider à faire passer par le chantage tous les mauvais coups qui contournent le droit du travail.« On va continuer à baisser les charges », a affirmé François Hollande, « mais cela ne suffit pas, il faut que le marché du travail soit plus souple ». « Le pays n'avance pas aussi vite que je le voudrais »... sous-entendu au profit des patrons et des riches, pour toujours plus de concurrence, de précarité, de chômage.
Yvan Lemaitre