Publié le Dimanche 16 octobre 2016 à 08h51.

Combattre l’islamophobie au plus haut sommet de l’Etat !

Dans un livre dont L’Express vient de publier des extraits, Un président ne devrait pas dire ça (sic), François Hollande déclare : « La femme voilée d'aujourd'hui sera la Marianne de demain. Parce que, d'une certaine façon, si on arrive à lui offrir les conditions pour son épanouissement, elle se libérera de son voile et deviendra une Française, tout en étant religieuse si elle veut l'être, capable de porter un idéal »

Ces propos révèlent non seulement la manière toute coloniale et raciste dont les classes dirigeantes continuent de percevoir les musulman·e·s vivant en France, mais aussi la stratégie politique consistant à les faire passer pour un corps étranger à la société française, une minorité menaçante voire une « cinquième colonne ». Ces déclarations postulent en effet que les femmes voilées ne seraient pas françaises, et ne pourraient le devenir qu’à condition de retirer leurs voiles. 

François Hollande sait parfaitement que la grande majorité des musulman·e·s vivant en France, dont les femmes portant un foulard, sont français·es. Affirmant cela, il ne dit donc pas autre chose que le FN, qui de longue date présente les Français·es issu·e·s de l’immigration – particulièrement les descendant·e·s de colonisé·e·s – comme des « Français de papier ». Il défend ainsi une conception essentialiste, racialisante, de la population française, dont seraient exclus a priori les musulman·e·s. 

Il affirme en outre que ces femmes seraient incapables de « porter un idéal ». Mais quel idéal a-t-il porté, lui président, depuis son accession au pouvoir ? La destruction du code du travail et les milliards déversés dans les caisses du patronat, qui n’ont servi qu’à enrichir les possédants (puisque le chômage n’a cessé d’augmenter) ? La déchéance de nationalité et le refus de l’accueil des migrant·e·s fuyant la guerre et la misère ? L’état d’urgence et la répression tous azimuts des mobilisations sociales comme des quartiers populaires ? 

Hollande enfonce le clou en affirmant : « Il y a un problème avec l'islam, parce que l'islam demande des lieux, des reconnaissances. Ce n'est pas l'islam qui pose un problème dans le sens où ce serait une religion qui serait dangereuse en elle-même, mais parce qu'elle veut s'affirmer comme une religion dans la République ». Là encore, la rhétorique ne se distingue qu’en apparence de celle du FN ou de la droite. Ce qui leur est commun à tous, c’est de faire de l’islam un « problème » et de refuser aux musulman·e·s ce que la loi de 1905 avait permis aux autres religions, à savoir la liberté de culte. 

Depuis 15 ans, les gouvernements successifs – qu’ils soient dominés par l’UMP ou le PS – ont accumulé les attaques visant les musulman·e·s et imposé une politique de plus en plus discriminatoire et ségrégative à leur égard. Prenant prétexte du terrorisme, les classes dirigeantes posent les germes d’une politique d’apartheid social mais aussi d’une guerre civile de basse intensité, ciblant les musulman·e·s (ou présumé·e·s tel·le·s), les quartiers populaires, mais aussi tous ceux et toutes celles qui luttent activement contre le racisme, les guerres impérialistes, l’autoritarisme et le capitalisme. 

Pour y faire face, il est urgent de reconstruire partout des solidarités antiracistes et de classe, de faire de la lutte contre l’islamophobie une véritable priorité, et de bâtir une tout autre société, fondée sur des valeurs d’égalité et libérée du racisme.