Publié le Vendredi 3 juin 2016 à 09h11.

Hollande : La France va mieux ? Vraiment ?

« Ça va mieux », telle est désormais la ritournelle de Hollande. Mais que ça aille mieux ou pas, la perspective reste la même : plus de politique antisociale pour les salariéEs, les chômeurEs et les retraitéEs.

«La croissance ? Nous allons faire 1,2 %, 1,3 %. Et, en 2016, nous serons sans doute à 1,5 %. Ça va mieux puisque quand je suis arrivé aux responsabilités, c’était 0,2 %. Donc ça va mieux », a déclaré François Hollande le 17 mai. C’est certes mieux que le 0,6 % de 2014, mais en fait, il y a déjà eu une embellie passagère en 2010-2011 (avec des taux de croissance égaux à 1 %) qui n’a pas empêché un nouveau ralentissement en 2012.

Une croissance en tôle ondulée

Le plus probable est que l’on continue sur une évolution en « tôle ondulée », avec des hauts et des bas, mais une tendance moyenne faible. Le rebond de 2015 a été favorisé par la faiblesse de l’euro par rapport au dollar (qui favorise les exportations), la baisse du cours du pétrole et celle des taux d’intérêts. Or, depuis le début de 2016, le dollar s’est affaibli et, du coup, l’euro est remonté de 5 % face au dollar. Par ailleurs, le pétrole est actuellement en hausse.

La priorité de François Hollande n’a jamais été d’agir directement pour la croissance et l’emploi : la ligne explicite depuis le rapport Gallois de novembre 2012 est celle de la « compétitivité » des entreprises et du rétablissement des marges. La politique menée, le CICE dès le 1er janvier 2013, puis le pacte de responsabilité annoncé un an plus tard, s’est résumée à accorder des exonérations fiscales et sociales pour les entreprises d’un montant total supplémentaire de 41 milliards d’euros annuel en 2017 par rapport à 2012.Avec cette somme, l’État aurait pu créer directement environ 1 million d’emplois dans les hôpitaux, l’enseignement, la recherche… Au lieu de cela, il a choisi de confier le coffre au patronat sans contrôler ce que ce dernier en ferait.Un chômage toujours élevé

Depuis deux ans, Hollande a mis en avant « l’inversion de la courbe du chômage » comme indicateur de la réussite de son mandat. Le nombre des chômeurEs de catégorie A (ceux qui n’ont pas travaillé du tout) recensés à Pôle Emploi a baissé en mars dernier (– 60 000) et à nouveau en avril (– 20 000). Cette baisse reste de toute manière insuffisante pour considérer que « cela va mieux » sur le front de l’emploi. Fin avril, 3 511 000 personnes restent au chômage total, et 1 885 900 autres personnes à la recherche d’un travail sont occupées quelques heures par semaine.

Au total donc, 5 397 000 personnes cherchent du travail. Il faut y ajouter 702 700 personnes inscrites à Pôle Emploi qui sont soit non immédiatement disponibles et sans emploi (par exemple, en formation ou en maladie), soit pourvues d’un emploi plus ou moins précaires (contrats aidés). Plus de 6 100 000 personnes au total sont donc inscrites à Pôle Emploi... et environ une sur deux est indemnisée (3 140 000). Voilà les chiffres qu’il faut avoir en tête avant de s’extasier sur une baisse limitée sur deux mois.

Une seule perspective, l’austérité

Tant en matière de croissance que de chômage, dire que « ça va mieux » relève du tour de passe-passe. Il en est de même sur de nombreux autres sujets. Derrière les moyennes d’évolution des revenus se dissimulent les inégalités croissantes. Les salariéEs sont confrontés presque en permanence à des atteintes à leurs conditions de travail et à des restructurations. Les conditions de vie difficiles dans les quartiers populaires et le problème du logement pèsent sur des millions de gens, etc. La réduction des déficits publics a été payée par le gel des salaires et des suppressions d’emplois dans la fonction publique, dans les hôpitaux notamment, et par des coupes drastiques dans les départements et les municipalités, dont certains rivalisent d’idées pour rendre plus difficile l’accès aux prestations.Le dernier rapport du FMI est une bonne annonce de ce qui nous attend, léger mieux ou pas. Ce rapport se félicite de la loi travail et incite à tailler dans l’indemnisation des chômeurEs et à en limiter la durée, à relever encore l’âge de la retraite, et à comprimer effectifs et salaires de la fonction publique.

On reconnaît là l’habituel raisonnement néo-libéral : quand ça va mal, c’est parce qu’on n’a pas assez serré la vis ; quand ça va mieux, c’est parce qu’on a serré la vis... et il faut donc continuer ! Et c’est bien cela qui est aujourd’hui commun à Hollande et à tous les candidatEs aux primaires de la droite.

Henri Wilno