Jamais un président n’aura été aussi affaibli, contesté par son propre camp en fin de quinquennat. Malgré cela, Hollande persiste à penser qu’il reste le meilleur candidat pour 2017 et continue comme si de rien n’était...
La fin du quinquennat de Hollande restera sans aucun doute dans les annales de l’histoire. En effet, à six mois de l’élection présidentielle, jamais un président de la ve République n’aura autant touché le fond... Déjà détenteur du record d’impopularité, Hollande vient d’améliorer sa propre contre-performance : son action est désormais créditée d’à peine 4 % de bonnes opinions. Cumulé avec la sortie du livre confession Un président ne devrait pas dire ça, sa candidature est désormais remise en question jusque dans son propre camp, y compris parmi ses fidèles comme Bartolone ou même Cambadélis.
Désormais, pour beaucoup, Hollande ne serait même pas en capacité à remporter la primaire de janvier prochain. Selon un proche de Valls, « Il y a deux ans, on se demandait si François Hollande pouvait gagner la présidentielle. Il y a un an, s’il pouvait être au second tour. Maintenant, on se demande carrément s’il peut être candidat à la primaire »...
Dans cette situation, Valls se met clairement dans les starting-blocks de la présidentielle en se positionnant comme le dernier recours. Pour cela, il se pose désormais en chef de la majorité, comme représentant naturel des socialistes. Théoricien des « gauches irréconciliables », Valls vient de lancer à ses anciens ministres un appel au rassemblement : « Je demande à Arnaud, à Benoît, à Aurélie et à Emmanuel qu’est-ce qui nous sépare ? », s’employant à réveiller les consciences dans la majorité, agitant le spectre d’une gauche de gouvernement « pulvérisée », « atomisée » ou « sortie de l’Histoire ». Aujourd’hui, il va même jusqu’à affirmer que « l’histoire de la gauche se confond avec celle du mouvement syndical » ou que « C’est l’honneur de la France d’accueillir ceux qui fuient la guerre et les persécutions ». L’ivresse du pouvoir sans doute...
Même pas mal ?
Hollande continue, lui, à mener sa politique anti-sociale comme si de rien n’était : destruction du camp des réfugiéEs de Calais en toute impunité, préparation d’un budget pour toujours plus d’austérité, mise en place des décrets d’application de la loi travail… Officiellement, Hollande n’aurait « pas d’autre préoccupation » que « de diriger le pays », taclant au passage Valls qui devrait en faire autant. Mais Hollande reste persuadé qu’il reste le meilleur candidat pour 2017, surtout que les chiffres du chômage de septembre (baisse de plus de 66 000) le conforte dans l’idée que la politique qu’il mène depuis bientôt cinq ans reste la meilleure.
Dans cette « guéguerre » politicienne largement médiatisée, un élément essentiel reste en suspend. Car le véritable changement ne porte évidemment pas sur le nom d’un futur président mais bel et bien sur le programme. Et de ce côté-là, pas de surprise : quel que soit le candidat sortant des rangs du PS, ce sera toujours une politique en faveur du patronat qui sera menée.
Ainsi, dans son interview au Journal du dimanche, Montebourg en donne une nouvelle illustration, indiquant que son « projet a été applaudi à la Fête de l’Humanité comme dans des cercles d’entrepreneurs devant lesquels je tiens exactement le même langage ». C’est bien là tout le problème !
Sandra Demarcq